tag:blogger.com,1999:blog-8235541051158512892024-03-18T20:37:28.358-07:00ALL WORK AND NO PLAY...... make Jack a dull boy.
Réflexions sur le jeu et la ludologie.Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.comBlogger231125tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-74056122205665794092013-12-11T00:23:00.000-08:002013-12-11T00:23:00.665-08:00Ethnologie des joueurs d’échecs<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZWcTpm8QIIlsGyuT7ifP_vN8Z5p0cg0MVLxtAEidIosLoUo_9tTCtU2wJ33dJlmY4P0x4T2dMtLK_wHBEcqx4MfLXDLwEb9UpHP-kIINQ31cA5p0e3rnvkHuT5Yzdy2gWt7_fnEuDROi-/s1600/Ethnologie+des+joueurs+d'%C3%A9checs.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZWcTpm8QIIlsGyuT7ifP_vN8Z5p0cg0MVLxtAEidIosLoUo_9tTCtU2wJ33dJlmY4P0x4T2dMtLK_wHBEcqx4MfLXDLwEb9UpHP-kIINQ31cA5p0e3rnvkHuT5Yzdy2gWt7_fnEuDROi-/s320/Ethnologie+des+joueurs+d'%C3%A9checs.jpg" width="229" /></a></div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Thierry Wendling annonce la couleur dès l’introduction :
il est un joueur classé international (comprenez un très bon joueur) et il va
se livrer à une ethnologie des clubs d’échecs en se fondant sur l’observation
participante : il joue, dispute des compétitions, fait partie du comité
directeur de la fédération d’échecs, tout cela pour se livrer à une observation
en bonne et due forme de ses collègues. Bien sûr, en bon ethnologue, l’auteur
se pose la question de savoir si cette posture ne comprend pas un bais :
au contraire, répond-il, quelqu’un d’extérieur aux échecs ne pourrait
comprendre ce qu’il se passe dans l’esprit d’un joueur sans en être un, voire
ne pourrait « interpréter les signes » sans être du sérail des « pousseurs
de bois ». Vous voulez une preuve ? Justement cette expression qui
est le titre du premier chapitre, comme le classement ELO, comme les jeux de
mots sur le roque, bref, l’ethnologue non spécialiste risquerait de se
méprendre. Il évoque bien la possibilité d’un biais, de refléter son avis
plutôt que celui de ses coreligionnaires, mais il l’écarte d’un revers de
manche, les échecs sont un monde d’initiés qui réclament de l’être pour leur
rendre justice.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Pourtant, au-delà de cette mode de l’observation
participante, il n’a pas semblé aux premiers ethnologues que ne pas connaître
une civilisation dont on ignorait en outre la langue empêchait d’en faire l’ethnologie,
bien au contraire. Le principal biais de cette méthode est de considérer d’un œil
expert ce qui demanderait d’abord à être questionné naïvement. Par exemple,
sous prétexte que les parties sérieuses sont celles qui sont disputées en club
avec la pendule, la pratique familiale n’est même pas abordée. Comme pour l’analyse
sociologique des joueurs de jeux de rôle effectuée par <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2007/12/jeux-de-rles-jeux-vido-multimdia-les.html">Laurent Tremel</a>,
questionner le milieu des <i>aficionados</i> à l’exclusion de celui des joueurs lambda
pose question quand aucune comparaison ne peut être faite avec une pratique
standard. Cette pratique est d’autant plus écartée, qu’en tant que joueur de
club une partie sans pendule n’est pas « une partie sérieuse ». C’est
tellement évident, pour le grand joueur que Thierry Wendling, est que tout
joueur avec un niveau minimal ne peut que finir par jouer en club. Pourtant
tous les amateurs de foot ne deviennent pas inéluctablement des supporters, et Sultan
Khan atteignit le niveau de grand maître international sans être passé par les
clubs… Bref, l’auteur semble limiter le monde des échecs à son propre milieu. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Plus inquiétant, toujours parce qu’il est
un très bon joueur, l’auteur semble incapable de dissocier ce qu’un néophyte
connaît voire comprend de ce qu’il ne connaît pas, et pire, puisque c’est l’ethnologue
qui est ici en cause, ce qui est intéressant de ce qui ne l’est pas. Un bon
joueur a une bonne mémoire de son classement (p. 73), certes, mais est-il
un seul sport, un seul milieu compétitif, où cela ne serait pas le cas ?
En quoi est-ce ethnologiquement intéressant ? On ne le saura jamais
puisque tout ce qui est affirmé est « prouvé » par un exemple, qui
rappelons-le ne prouve rien en soi, et n’est jamais analysé ultérieurement en
tant que retour sur une pratique de jeu ou de loisir. Nous n’avons en outre jamais
de comparaison statistique avec un autre milieu, ici tout semble intéressant
parce que cela concerne des joueurs d’échecs, point. L’auteur est tellement peu
au fait de ce que connaît un néophyte que toutes les preuves qu’il donne pour
montrer que ce dernier ne pourrait pas comprendre son milieu, je les ai
comprises alors que je dois avoir à mon actif au plus dix parties d’échecs dans
ma vie, et certainement pas en club. En revanche, même si l’auteur se targue du
contraire, j’ai eu bien du mal à comprendre certaines allusions : sur la place
de la pendule quand on est gaucher, sur l’expression de « pion au fou »,
sur ce que signifie « avoir le trait »… J’ai en revanche bien ri à l’analyse
suivante : <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">« <i>Un
petit vieux s’approche et s’adressant au maître lui demande respectueusement :
« Personne n’a jamais essayé de vous faire le coup du Père François ?
Est-ce qu’il y a un moyen de l’éviter ? » Rires amusés mais sans
méchanceté du maître qui conseille alors au vieil homme de s’adresser à moi car
je suis, prétend-il, le spécialiste de cette ouverture. D’une phrase, cet
octogénaire qui pratique avec passion les échecs depuis son enfance a signifié,
bien involontairement, qu’il n’appartenait pas au monde des échecs. Le coup du
Père François est une expression qui ne répond en effet pas au système d’appellations
échiquéen. Comme le suggère la réponse du maître, on ne parle pas de coup mais
d’ouverture et si, comme nous le verrons, les noms propres servent fréquemment
à qualifier les débuts de partie il n’est en revanche, à la différence de ce
que l’on observe dans le cadre d’une sociabilité plus villageoise, jamais fait
usage de sobriquet.</i> » (p. 95) Au-delà de la condescendance de l’ethnologue
pour « le petit vieux », on reste abasourdi du manque de culture, que
pourtant l’auteur disait nécessaire à une bonne analyse de son sujet. Le « coup
du Père François » est l’équivalent daté de l’expression contemporaine du « coup
de poignard dans le dos ». Le vieux joueur fait bien sûr un jeu de mot
entre le coup aux échecs et cet emblème du « sale coup » qu’on « surinait »
à la personne dont on voulait se débarrasser. Le maître répond alors dans la
même veine en décochant une pique à l’endroit de son collègue du comité
directeur de la fédération… qui semble pour sa part n’avoir rien compris.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Cette anecdote reflète malheureusement le
manque de distanciation constant entre l’auteur et son sujet. Les photos en
encart sont sur ce point aussi consternantes qu’éclairantes : photo 8 :
« Préparation de la remise des coupes », où l’on voit, ô incroyable,
un monsieur en train de ranger des coupes, puis photo 10 des « participants
à une assemblée générale » où l’on voit des gens assis sur des chaises
pliantes, et photo 15 « des joueurs au restaurant en attendant l’entrée »,
qui sont, eh bien, en train de jouer entre des verres. Quel est l’intérêt ?
A quoi sert le commentaire ? Ce n’est pas grave c’est de l’ethnologie, qui
semble dans l’esprit de l’auteur être un synonyme de matière brute (donc j’imagine :
source de première main = sérieux). D’autant que la méthode n’est en rien
ethnologique, en dépit du titre qui nous l’assène comme une évidence : nous
avons droit à un récit impersonnel entrecoupé d’anecdotes, qui en tant que
telles auraient plutôt tendance à montrer l’excepxion que la règle, et qui
jamais ne construit un raisonnement sur une suite d’observations. Bien au
contraire cet essai est au final un monologue où tout est affirmé sans lieu,
sans date, sans contexte, nous gratifiant périodiquement d’une anecdote
édifiante en matière d’illustration : un tricheur amené manu militari à l’arbitre,
une discussion à caractère sexuel (au cas où l’on penserait que les joueurs d’échecs
sont trop intelligents pour cela), une remise de coupe à un joueur mal habillé nous
faisant part de l’étonnement du maire de Paris (on doit donc légitimement s’étonner
puisque, vous vous rendez compte, le maire de Paris « était scié »),
etc. Bref, le contraire d’une ethnologie où l’observation conduit à une
réflexion sur les fondements de la société, et plus encore sur le regard même
de l’ethnologue.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Bref, une étude onaniste où il faut sans
doute être compétiteur d’échecs pour y trouver un quelconque intérêt, et dont
le principal intérêt ethnologique serait éventuellement de montrer en creux, de
façon involontaire, l’idée que les joueurs se font du regard que les néophytes sont
censés porter sur eux. Les seules remarques intéressantes que j’y ai pêchées ne
concernaient pas en soi les échecs, et pour cause. Le pire c’est que j’ai l’impression
de n’avoir presque rien appris sur les échecs et leurs joueurs, c’est dire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Ethnologie
des joueurs d’échecs</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">
de Thierry Wendling, Presses universitaires de France 2002, 256 pages, 22 €.</span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> </span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-45180637446779014332013-12-01T17:58:00.000-08:002013-12-01T17:58:00.501-08:00Le réel et l’imaginaire dans le jeu de l’enfant : essai sur la genèse de l’imagination<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmSILNfg27tDilDLYKs_K5ToUqNLonOFF3hJ8nzxv56CP4DMha4t3o9N4yZ9o_fDxxa7VwPD2BXRGxaC9UxHn77b83AlJ2SqrhYfc8IrGkqZtOqe_JwnFAblIok1HUcsdmxQQgRw-UIiOY/s1600/Le+r%C3%A9el+et+l'imaginaire+dans+les+jeux+de+l'enfant.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmSILNfg27tDilDLYKs_K5ToUqNLonOFF3hJ8nzxv56CP4DMha4t3o9N4yZ9o_fDxxa7VwPD2BXRGxaC9UxHn77b83AlJ2SqrhYfc8IrGkqZtOqe_JwnFAblIok1HUcsdmxQQgRw-UIiOY/s320/Le+r%C3%A9el+et+l'imaginaire+dans+les+jeux+de+l'enfant.jpg" width="202" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Le dernier ouvrage de Jean Château, </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/04/lenfant-et-le-jeu.html">L'enfant et le jeu</a></i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">, ne nous avait pas
fait une forte impression, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais les études
qui lient imaginaire et jeu ne sont pas si fréquentes, d’autant que cette
question est au cœur de l’acte ludique. Cet essai, écrit pendant la seconde
guerre mondiale et publié peu après, a le mérite de mettre en lumière
l’influence de l’actualité angoissante sur l’imaginaire des enfants dont les
proches sont partis à la guerre, le jeu étant un moyen privilégié de résoudre
les angoisses. Comme toujours chez Jean Château, la méthode se fonde
essentiellement sur l’observation.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Et comme toujours elle en constitue la
faiblesse principale, puisque, bien que nombreuses et répétées, leur
interprétation est le plus souvent décorrélée donc gratuite : « <i>Quel est donc l’élément nouveau qui, avec le
jeu, apparaît dans la conduite ? (…) Enumérons donc les principaux
caractères du jeu : il est jouissance, il est exercice, il est nouveauté.
(…) on pourrait donc définir le jeu comme une exploration à la fois gratuite et
source de jouissance.</i> » (p. 15) Si la mise en avant du plaisir est
pertinente, l’articulation entre l’exploration, la nouveauté et le plaisir
n’est pas faite, pas plus qu’il n’existe une connexion entre cette
interprétation et les innombrables observations dont rend compte l’auteur.
D’autre part, si l’imaginaire enfantin est décortiqué de bout en bout, il est
comparé à un imaginaire adulte qui, lui, est entièrement postulé : « <i>Pour l’enfant, inventer, sauf dans
l’exploration des premières années, c’est essentiellement adapter, transformer
l’activité mentale et motrice en fonction de circonstances nouvelles, céder aux
suggestions de la réalité ; ce n’est pas créer de toutes pièces, comme un
poète crée une poésie.</i> » (p. 62). Cette observation, au lieu de
questionner l’auteur sur la nature de l’imaginaire adulte et de le conduire à
revoir la définition que nous nous en faisons à priori, le conduit au
contraire, sur la foi de ses préjugés, à les opposer. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Ce qu’il y a sans doute de plus frustrant
avec une méthode fondée sur l’observation, c’est la confusion sans cesse
répétée entre ce qui est observé et ce qui ne l’est pas, comme si observer <i>A</i> suffisait à faire de l’auteur le
censeur valable de <i>B</i>. En définitive,
Jean Château est un spécialiste du raccourci qui lui fait confondre
interprétation et inférence : « <i>Nous
pouvons suivre ce passage en distinguant trois niveaux dans l’invention,
l’invention purement motrice de l’exploration, l’invention par combinaison
mentale et le niveau intermédiaire.</i> » (p. 82) On cherchera en vain ce
qu’il appelle « niveau intermédiaire » et qu’il ne détaille jamais.
On sent pourtant bien que ce niveau intermédiaire est en deçà de celui de l’adulte,
seuil de l’imaginaire « supérieur ». Ce classement est d’autant plus
surprenant qu’à la page 82, Jean Château fait très justement de la copie le
second niveau de l’imaginaire, or ou apparaît celle-ci dans les trois étapes
proposées par l’auteur ? Le symbolique est bien le troisième et dernier niveau,
modèle de l’imaginaire humain valable pour l’adulte comme pour l’enfant.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Si le psychopédagogue caractérise
l’utilitarisme de l’imaginaire enfantin, c’est encore pour en pointer la
différence avec celui de l’adulte : « <i>On y retrouve toute l’instabilité et les contradictoires métamorphoses
des jeux de cet âge : le mort est toujours vivant et les cadavres enterrés
sont encore sur les rochers. Ce qui importe visiblement ici, ce n’est pas le
récit en lui-même, c’est le comportement moteur auquel il pourrait donner lieu
et qu’il remplace. Peu importe donc la logique ou la vraisemblance de
l’histoire. (…) L’enfant ne cherche nullement à faire effort pour les adapter
au réel, il n’observe pas, n’étudie pas en vue de son jeu, malgré tout le
réalisme dont il veut faire preuve. C’est que ce réalisme n’est qu’un moyen en
vue de mieux satisfaire ses intérêts proprement ludiques.</i> » (p.
120-121). Pourtant cet affrontement du réalisme et du vraisemblable est au cœur
de la théorie littéraire, la différence avec l’imaginaire adulte n’étant pas sa
nature mais son degré : dans le second, le réalisme est intégré avec
davantage de succès dans la création imaginative, alors que l’enfant n’en
retient guère qu’un caractère saillant. Et l’auteur d’enfoncer le clou en
tirant des plans sur la comète : « <i>L’imaginaire, c’est ce qui est à côté, en marge, qui n’a pas sa
place dans la grande contrainte
objective.</i> » (p. 259). L’imaginaire au contraire est ce qui supplée au
déficit d’observation et qui est à la base du processus d’intellection qui
s’appuie sur la logique, il n’y a donc aucune raison d’opposer l’imaginaire à
la connaissance, puisque le premier est partie prenante autant qu’il s’appuie
sur le second.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Dommage enfin qu’il faille attendre la
dernière page pour que la pensée la plus prometteuse, qui fait de l’imaginaire
le fruit de l’expérience, c’est-à-dire d’un processus de compréhension
totalisant, apparaisse : « <i>La
pensée naît du geste, elle reste toujours geste, et nous ne pouvons connaître,
sentir et aimer les hommes et les choses si nous n’allons vers eux avec tout
notre corps.</i> » (p. 287) Le corps, envisagé comme moyen de connaissance
privilégié par l’enfant, aurait sans doute permis à Jean Château de
traiter « la genèse de l’imagination
dans les jeux de l’enfant » de façon autrement plus originale et
stimulante. Un essai décevant, mais quand même préférable à <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/04/lenfant-et-le-jeu.html">L’enfant et le jeu</a></i> du même auteur.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">Le réel et l’imaginaire dans le jeu de l’enfant :
essai sur la genèse de l’imagination</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;"> de Jean Château, Vrin 1946, 292 pages, épuisé.</span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-32679220556970238872013-11-11T20:46:00.000-08:002013-11-11T20:46:00.116-08:00Une sociologie des espaces potentiels : logique dispositive et expérience ordinaire<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisgm8vuv-j-cub9Nq8TlvoILjifVe-WeTfWS2oj5beHil4EhwiJQHdvlOwcr6703Wo69tdcigFVkskn32GwfqlQ36DXUzC18dKc03jegDl9oN2QwGEnadsDLkwea5CtEQ3mYFDG8iaEbvK/s1600/Une+sociologie+des+espaces+potentiels.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisgm8vuv-j-cub9Nq8TlvoILjifVe-WeTfWS2oj5beHil4EhwiJQHdvlOwcr6703Wo69tdcigFVkskn32GwfqlQ36DXUzC18dKc03jegDl9oN2QwGEnadsDLkwea5CtEQ3mYFDG8iaEbvK/s320/Une+sociologie+des+espaces+potentiels.jpg" width="212" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Un ouvrage qui commence par vous annoncer,
en quatrième de couverture et en préface, que son auteur s’est pendu intrigue
forcément. Surtout lorsque son titre se propose d’élaborer une sociologie des
espaces potentiels : comment observer l’inobservable, tirer d’une perception
personnelle et interne une dimension collective et sociale, et où peut bien se
situer concrètement son terrain, cette marotte des sociologues ? En ce qui
concerne le premier point, on peut dire que si l’on devait imaginer l’étude d’un
déséquilibré, le livre d’Emmanuel Belin s’en rapprocherait assez : il est
souvent difficile de suivre la pensée de l’auteur qui postule des angoisses qu’il
est le seul à éprouver, comme celle de ne pas reconnaître un lieu familier
quand il est plongé dans le noir ; il cite des auteurs à tour de bras sans
lien entre eux : p. 230 <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/02/investigations-philosophiques.html">Wittgenstein</a>, <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/10/jeu-et-realite.html">Winnicott</a>, Proust, p. 231 de
Certeau, <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2012/09/du-jeu-ideal.html">Deleuze</a>, <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2013/03/la-lecture-comme-jeu.html">Picard</a>… tout en ne déviant pas d’un
iota de l’objet de son étude, au point que celui-ci tourne à l’obsession, qui
consiste à trouver comment l’homme peut élaborer un espace intérieur qui lui
permette de naviguer entre l’angoisse et l’anxiété du réel, sans que l’auteur n’ait
pris la peine de nous expliquer pourquoi la question se posait, à fortiori
pourquoi en ces termes, du moins comment pouvait-elle se poser à quelqu’un d’autre
que lui.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Véritable analyse, au sens psychanalytique
du terme, de son auteur par lui-même, qui cite en permanence Donald Winnicott
sans qu’on comprenne clairement ce que la notion de dispositif rajoute à la
pensée de celui-ci, on se demande comment des sociologues ont pu reconnaître
leur discipline dans cette recherche disparate, et à vrai dire un peu folle. De
façon originale Emmanuel Belin commence par une analyse de trois passages de Rousseau
(qu’il appelle Jean-Jacques, sans doute pour exprimer sa proximité de pensée) sans
qu’on n’ait droit à une explication méthodique de leur sélection, sinon qu’il
les a sélectionnés parce qu’ils exprimaient la même notion, en tout cas celle
qu’il y voyait. Le fait de prendre une œuvre de fiction et de se livrer à une
analyse non sociologique de l’œuvre, ne semble poser aucun problème à notre
auteur. Or Emmanuel Belin semble conditionné par l’analyse qu’en fait Jean Starobinski
et qui clôt finalement son étude : celle de la transparence/obstacle, qui
devient celle des limites de tout dispositif, de sa manifestation et de l’immensité
des espaces que celui-ci ouvre : « <i>Comment les limites du dispositif son-elles agencées de telle manière qu’elles
permettent au sein d’un espace contraint, l’illusion de l’immense et de la
transparence ?</i> » (p. 259). Le problème demeure que pas plus Jean Starobinski
que <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/10/jeu-et-realite.html">Donald Winnicott</a> ne sont des sociologues et que, même si Emmanuel Belin
prétend arracher aux sciences de la personne les espaces potentiels, la
conclusion sous forme de manifeste semble prouver précisément le contraire :
« <i>Les espaces potentiels ne sont pas
la chasse gardée des spécialistes de l’individu.</i> » (p. 260) les
situent en tout cas au delà des frontières de la sociologie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Non pas que l’auteur ne dise rien d’intéressant,
mais plutôt qu’il le noie dans une suite d’élucubrations dont le fil de
conducteur, ou plutôt l’absence de celui-ci, laisse songeur. Son obsession continûment
insatisfaite le pousse à réattaquer sans cesse les mêmes questions de limite, de
dispositif, d’angoisse, d’expérience, de transparence qu’on croyait résolues.
Emmanuel Belin peut ainsi constater page 24 : « <i>Nous entendons par là, que pour qu’une relation apaisée au monde soit
possible, celui-ci doit être arrangé de manière telle qu’il n’apparaisse pas
menaçant, mais sans toutefois qu’il puisse être saisi comme artificiel. Pour le
dire autrement, nous partirons de l’hypothèse que pour Jean-Jacques l’illusionnement
est sans doute la condition nécessaire d’un certain ‘‘repos de l’âme’’, mais
que celui-ci ne peut avoir de sens que pour autant qu’il ne repose pas sur une
manipulation des relations de confiance sans lesquelles l’inquiétude et le
doute obscurcissent l’expérience.</i> » et pourtant poursuivre sa traque
du dispositif sur les 240 pages suivantes, tout en reposant en conclusion ces
mêmes questions. Conclusion où l’auteur aborde enfin et même si c’est en
pointillés la question de la méthode pour parvenir à interroger en sociologue l’espace
intermédiaire défini par le dispositif. Le titre est donc sur ce point
parfaitement usurpé. <o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;"><br /></span>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Aborder le jeu par l'expérience, synthèse du symbolique et de la technique (d'autant que l'auteur rapproche celle-ci du rationnel et donc du réel) était pertinent, dommage que les obsessions de l'auteur aient pris le dessus au point de réduire le questionnement à un prétexte. </span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Une sociologie
des espaces potentiels : logique dispositive et expérience ordinaire</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;"> d’Emmanuel Belin,
De Boeck 2002, 291 pages, 35 €<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-57190183079118346672013-11-01T15:52:00.000-07:002013-11-18T02:34:31.476-08:00Jeux et jouets à travers les âges : histoire et règles de jeux égyptiens, antiques et médiévaux<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzP2sYmonGWl5NQZPuxtuHlhQmAn6eFm8FQ9QVPVCxK5eMABcYT76BZ55c1Bke7_hPmSfG3uNF1_E_hSLyxdVfdCue61ydAmf8xiQr-Mkjo67J49OzksXs4DZz0vpYY48ijprN1Ae_womv/s1600/Jeux+et+jouets+%C3%A0+travers+les+%C3%A2ges.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzP2sYmonGWl5NQZPuxtuHlhQmAn6eFm8FQ9QVPVCxK5eMABcYT76BZ55c1Bke7_hPmSfG3uNF1_E_hSLyxdVfdCue61ydAmf8xiQr-Mkjo67J49OzksXs4DZz0vpYY48ijprN1Ae_womv/s320/Jeux+et+jouets+%C3%A0+travers+les+%C3%A2ges.jpg" width="226" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Le jeu est souvent traité
philosophiquement, artistiquement, psychologiquement, historiquement mais au
final les exemples sont supposés connus du lecteur y compris lorsqu’on fait
allusion à des jeux dont la règle ne nous est pas parvenue. Ce n’est pas grave,
de toute façon « cette bêtise des enfants », comme la qualifie
ironiquement <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/11/le-jeu-comme-symbole-du-monde.html">Eugen Fink</a>, est intéressante lorsqu’elle mobilise des concepts, de
l’art ou des enseignements qui peuvent être réutilisés pour des matières plus
utiles. Avec </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Jeux et jouets à travers les
âges</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">, voici enfin un ouvrage qui donne à mieux connaître les jeux pour
eux-mêmes avec une démarche ludologique qui s’attache à recréer les règles
pour permettre de jouer enfin aux jeux du passé : </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Mehen</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> (jeu du serpent), </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Senet</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">,
</span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Jeu royal d’Ur</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> (jeu des vingt cases),
</span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Latroncules</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> (ancêtre des échecs), </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Brandub</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> (échecs avec des dés), </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Jeu du renard et des poules</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> (marelle
asymétrique), </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Alquerque</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> (ancêtre des
dames), etc. En outre les jeux sont replacés dans leur contexte historique, de
même que pour les jouets pour lesquels des indications d’usage sont également
fournies, le tout accompagné d’une très riche iconographie et de quelques
citations des textes qui ont servi de fondement à la reconstitution du jeu, le
tout dans une langue simple et didactique. L’ouvrage se clôt enfin de façon
amusante sur la liste des jeux de Gargantua et le tableau <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/11/jeux-denfants.html">Jeux d’enfants</a></i> de Pieter Bruegel.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Les réserves viendraient davantage de
l’objectif et de la méthode. On imagine mal le grand public acheter un ouvrage
où la règle de jeux équivalents est répétée à l’identique avec quelques variantes : <i>Jeu des douze lignes</i> / <i>Jacquet</i>
/ <i>Tric trac</i> / <i>Jeu des dames rabattues</i> / <i>Revertier</i>
/ <i>Backgammon</i> / <i>Garanguet</i> ou <i>Brandub</i> / <i>Fidchell</i> / <i>Gwyddbwll</i> / <i>Tawlbwrdd</i> / <i>Tablut</i>. Or le plus souvent la parenté de
ces jeux n’est même pas examinée pour justifier l’existence parallèle, les
évolutions ou les divergences de chacun, voire simplement pour déduire de l’un
les informations qui manquent à l’autre. Si les textes fondateurs sont cités à
titre d’illustration, la différenciation entre la partie reconstituée et la
partie attestée des règles n’est jamais soulignée (à l’exception d’une fois
concernant le fait d’obtenir un chiffre exact pour l’arrivée du pion), de même
que les sources précises ayant servi à la reconstitution, comme par exemple la
règle des <i>Latroncules</i>, clairement
empruntée aux <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/09/les-jeux-des-anciens.html">Jeux des Anciens</a></i> de
Louis Becq de Fouquières. Faire appel à deux associations (Jocari, Archeolo-J)
pour tester et suggérer les règles est une très bonne idée, mais il semble que
l’intérêt ludique l’emporte trop souvent sur la logique archéologique malgré
les dénégations de l’auteur : « <i>Le
but de cet ouvrage n’est pas de proposer des jeux nouveaux et forcément
excitants, mais bien de montrer comment les anciens considéraient les jeux et
de plonger les joueurs modernes dan un autre univers où le jeu est avant tout
un passe-temps, un loisir, une rencontre ou une confrontation ente joueurs.</i> »
(p. 23). <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Alors que Catherine Breyer est archéologue,
elle semble en outre parfois oublier que les joueurs de l’époque ne savaient bien
souvent ni lire, ni écrire, ni parfois compter, confinant les règles à ce que
nous appellerions des jeux pour enfants : « <i>Des hypothèses probantes pour le déroulement de ce jeu ont donc pu être
émises, même si le manque d’informations complètes rend sans doute le jeu plus
simple à pratiquer que ce qu’il ne devait être à l’époque.</i> » (p. 47). Or
l’absence de consignation écrite des règles ne peut qu’achever de les
simplifier, obligeant les joueurs à n’en retenir que l’indispensable. Or, si l’on
observe la liste des grands succès actuels du jeu de société : <i>Uno</i> (variante du <i>Huit américain</i>), <i>Le jeu des
sept familles</i>, <i>Trivial Pursuit</i>, <i>Taboo</i> ou <i>Pictionary</i>, les règles sont simplifiées à l’extrême. Ce qui laisse
supposer que les jeux anciens devaient l’être encore bien plus. Lorsque
l’auteur aborde le <i>Mehen</i>, on s’étonne
du manque de questionnement, voire d’observation des éléments à notre
disposition : alors que tous les tabliers de <i>Mehen</i> comportent à la fois des cases en creux et en relief et deux
types de pions, l’auteur ignore les secondes pour construire une règle qui fait
avancer les pions sur un seul et même
type de cases. Peut-être toutefois que ce point a été débattu par ses sources,
mais comme Catherine Breyer ne les cite pas précisément…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">On regrette donc qu’un ouvrage aussi riche
historiquement ne se soit pas montré aussi rigoureux que l’on aurait pu s’y
attendre, ou a défaut n’ait pas débattu des questions que chaque jeu présenté
laisse en suspend. Mais il a au moins le mérite de démontrer par la pratique la
nécessité d’élaborer une méthode ludologique. Une lecture néanmoins amusante et
recommandée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Jeux et jouets à travers les âges : histoire et
règles de jeux égyptiens, antiques et médiévaux</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;"> de Catherine Breyer,
Safran 2010, 256 pages, 45 €.</span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-27718646447559332192013-10-11T08:38:00.000-07:002013-10-30T16:33:27.879-07:00Jouer autrefois : essai sur le jeu dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle)<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZDhvM5lXeC2uODccsMZFAYDnikevKsrmUMqjrtz7xbQ2p-77Gumj4EYqO9mWrJv69TgXgOhb3yLcEFSWR5xqFebBFC48bl3C3xAy9-3lO7uVCHEHXEySHgIxgkvrz9Q8VxOy9VjRbL4FS/s1600/Jouer+autrefois.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZDhvM5lXeC2uODccsMZFAYDnikevKsrmUMqjrtz7xbQ2p-77Gumj4EYqO9mWrJv69TgXgOhb3yLcEFSWR5xqFebBFC48bl3C3xAy9-3lO7uVCHEHXEySHgIxgkvrz9Q8VxOy9VjRbL4FS/s320/Jouer+autrefois.jpg" width="202" /></a></div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Les études historiques sur le jeu se
réfugient souvent derrière les faits, la description l’emportant sur l’analyse.
Si l’étude d’Elizabeth Belmas ne fait pas exception, sa construction
rigoureuse, abordant tous les aspects du jeu moderne : réflexion, adresse
et hasard ; sports, jeux de société et jeux d’argent ; littérature,
architecture, production, droit… brosse un panorama complet de la société ludique
à l’époque moderne. La sélection des informations est pertinente et un effort
d’illustration a été fait, alors même qu’un glossaire et une bibliographie
exhaustive complétent l’ensemble. Certes le résultat reste moins vivant que
l’étude d’Olivier Grussi sur <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/12/la-vie-quotidienne-des-joueurs-sous.html">La vie quotidienne des joueurs sous l’Ancien Régime</a></i>, mais l’objectif de montrer
« <i>qu’en parlant des sociétés, les
jeux disent souvent la vérité.</i> » (p. 396) est atteint.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">L’époque moderne pose un regard avant tout
moraliste sur le jeu, celui-ci incarnant les mauvais penchants de l’homme,
enclin à mal user du temps dont il dispose sur terre plutôt que de rechercher
son salut : « <i>En un sens,
l’homme est obligé de jouer pour oublier sa condition misérable qu’il doit à la
faute originelle. Si l’homme joue, c’est au fond parce qu’il est mauvais, parce
qu’il est perdu. ‘‘Si notre condition était véritablement heureuse’’, remarque
Pascal, ‘‘il ne nous faudrait pas divertir d’y penser pour nous rendre heureux.</i> »
Le jeu est non seulement la preuve de notre corruption mais il est en outre une
offense à Dieu qui doit seul connaître « le jour et l’heure » et dont
on ne saurait évoquer le nom en vain : « <i>La condamnation des jeux de hasard ‘‘</i>per se<i>’’ repose alors sur l’argument théologique qui y voit un détournement
du sort _ procédé extraordinaire par lequel Dieu fait connaître sa volonté aux
humains _, dont il profane l’essence divine. C’est pourquoi les jeux de hasard
_ les dés par exemple _ qui utilisent
des instruments divinatoires paraissent à certains une invention diabolique.</i> » (p. 31)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mais l’essai d’Elizabeth Belmas pose aussi
des questions ludologiques auxquels les anciens ont su répondre de façon fort
pertinente, à même d’éclairer l’analyse actuelle des jeux. La Marinière, auteur
d’une académie des jeux (catalogue de règles de jeux en vogue), écrit par
exemple en 1654 : « <i>Ces jeux ne
sont entendus que par ceux ayant un peu étudié, au lieu que les jeux se
pratiquent d’ordinaire parmy les jeunes gens, soir de la Cour, soit de la
Ville, qui enfin sont tous gens du monde et de conversation vulgaire, sans
grande application aux lettres. C’est le cas des femmes aussi qui la plupart
n’ayant pas fait grande lecture, ignorent beaucoup de choses que l’on ne
peut sçavoir sans avoir esté au Collège.</i> » (p. 140) Constat que le
succès populaire d’un jeu est intimement lié à la facilité avec laquelle on
peut apprivoiser ses règles et ainsi le répandre. Huvier des Fontenelles
enfonce le clou en 1778 : « <i>Qu’on
fasse un livre sur la chimie, sur l’astronomie, sur la peinture, sur la
sculpxure etc. Il n’y aura que les connaisseurs, les amateurs qui le liront,
qui en décideront, qui le critiqueront. Que l’on joue au wist, au reversi, au
tresset au liquet… il n’y aura que ceux qui connaissent ces jeux qui y
joueront, ou qui les regarderont jouer, pour décider des coups bien ou mal
joués. Si on fait un ouvrage de littérature, comme on croit qu’il ne faut que
de l’esprit pour en juger, tout le monde voudra être juge parce que tout le
monde a des prétentions à l’esprit… Pour une raison qui me paraît semblable,
tout le monde joue au loto, parce qu’il ne faut à ce jeu que du bonheur et que
tout le monde a des prétentions au bonheur.</i> » (p. 158)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Or c’est sans doute la fin des guerres
larvées, l’arrivée au pouvoir de la bourgeoisie, la naissance du capitalisme,
qui tout à la fois concourent à permettre enfin à l’ensemble des classes de la
société de pouvoir faire mieux que survivre, et ainsi de chercher son lot de
plaisir dans le jeu. Le XVIIIe siècle à tellement systématisé le jeu que la loterie
n’a jamais été aussi importante dans le budget de l’Etat : « <i>Entre 1777 et 1781, sous l’administration
Necker, les loteries ont rapporté davantage au Trésor Royal que l’impôt du
clergé. Elles n’ont guère pâti du marasme économique général dans les dernières
années de l’Ancien Régime.</i> » (p. 333). Ce faisant, le jeu prouve qu’il
n’est pas seulement un excès de la monarchie déliquescente, mais bien l’une des
activités majeures de l’homme, que la législation contemporaine va s’attacher à
canaliser au profit de l’Etat, que ce soit par l’impôt, le monopole public,
l’irrépétibilité de ses dettes, ou encore comme moyen de divertissement des
masses. Autant de fondements que le jeu moderne a posés.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Jouer
autrefois : essai sur le jeu dans la France moderne (XVIe-XVIIIe siècle)</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13px; text-align: justify;"> d’Elizabeth
Belmas, Champ Vallon 2006, 439 pages, 29 €.</span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-66667178234227613012013-10-01T12:54:00.000-07:002013-10-01T12:54:00.845-07:00L’esprit du jeu chez les Aztèques<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRlPdi_jpQ59sMqIx0Jzo_AsuHDX6p5xoBFhXGtwSUw9TElOkItzGoql7uV98We4QtYIC8VVTDMdaB3p4pxT0c63w4c-0U6KLdL6uYXS4T5hiPHDFIkdClnNer-EwUywbpb1UPeXi5KrsA/s1600/L'esprit+du+jeu+chez+les+Azt%C3%A8ques.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRlPdi_jpQ59sMqIx0Jzo_AsuHDX6p5xoBFhXGtwSUw9TElOkItzGoql7uV98We4QtYIC8VVTDMdaB3p4pxT0c63w4c-0U6KLdL6uYXS4T5hiPHDFIkdClnNer-EwUywbpb1UPeXi5KrsA/s320/L'esprit+du+jeu+chez+les+Azt%C3%A8ques.jpg" width="210" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Thèse de doctorat, </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">L’esprit du jeu chez les Aztèques</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> est un curieux ouvrage, aussi
paradoxal que son contenu. En effet celui-ci minimise, voire nie, non seulement
le caractère ludique de la société aztèque : « </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Une société se projette dans les jeux qu’elle engendre. Réciproquement,
le jeu exprime les ressorts de la civilisation qui le porte. Aussi, l’absence
de jeu de compétition chez les aztèques est-elle compréhensible : (…)
Compétition implique ‘‘vedettisation’’, culture du champion. Les jeux agoniques
permettent à un individu de s’élever au-dessus de la masse, de conquérir une
aura d’être supérieur, de prouver l’originalité de son tempérament ou de sa
personnalité… Or c’est précisément ce qu’interdit le système aztèque : il
est inconcevable de songer échapper à son destin, de penser un jour pouvoir
sortir du rang.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 170-171) mais l’auteur nie aussi la possibilité de
définir le jeu : « </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Il faut se
résigner : l’indéfinition préalable au jeu est nécessaire. Il serait même
impossible, méthodologiquement, de proposer en guise de prolégomène une
définition obtenue in-fine, au terme de l’analyse. Le jeu est mouvement,
déplacement perpétuel ; son existence relève du provisoire. Or définir le
provisoire, ce serait rendre le provisoire définitif ! Manifestement c’est
une impossibilité logique. Le jeu n’est jamais définitif. En d’autres termes il
est toujours assujetti à l’indéfinition.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 14) Et ce, tout en
usant des catégories de <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2007/10/les-jeux-et-les-hommes-le-masque-et-le.html">Roger Caillois</a> (hasard, imitation, compétition,
vertige) comme fil conducteur.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Cette contradiction est superficiellement
résolue par le rapprochement entre le caractère paradoxal du jeu et de la mentalité
Aztèque : « <i>D’autre part, et
surtout, aucune définition, qu’elle soit positive ou négative, ne peut
considérée comme valable… précisément parce que le positif et le négatif ne
sont pas chez les Mexicains des coefficients définitifs. Les Aztèques ont des
catégories ludiques à mi-chemin du jeu et du non-jeu. Le jeu n’a pas réellement
d’extérieur.</i> » (p. 14) mais étrangement, dédier un ouvrage à ce qui
est déclaré dès l’introduction différent, voire absent, dans la
civilisation choisie ne semble pas déranger l’auteur. Or cette impossibilité du
jeu pour les Aztèques n’est jamais explorée comme étant un moyen de percer le
jeu à jour (sinon à prétendre qu’il est paradoxal), quitte à le faire de
manière inédite, pas plus que d’explorer les conséquences de cette
particularité de la civilisation Aztèque, sinon à déclarer qu’à l’époque de la
colonisation par les Espagnols, la société aztèque est en passe de se gripper, semble-t-il
en partie à cause de l’absence du ludique, qui apporte de la "laxité" dans le corps social. Plus problématique, pour
les deux catégories de Roger Caillois qui sont mises en avant, à savoir le
simulacre et le vertige, le rapprochement avec le sacrifice ou les drogues
semble contradictoire dans les faits : n’est-ce pas l’absence de ludique
qui conduit précisément la théocratie aztèque à se durcir, se réfugiant dans une piété vidée de son sens tout en procédant à l’abrutissement délétère du peuple par l'usage régulier de stupéfiants ? <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Les jeux de balle existent indépendamment
de leur contexte religieux, mais ils ne sont évoqués, en partie à cause des sources défaillantes,
qu’à l’occasion de situations qui empruntent au jeu tout en se situant
résolument en dehors de lui : « <i>Au
tlachli, il y a bel et bien une équipe qui triomphe : elle incarne à
posteriori, après la victoire, le camp diurne du soleil. L’autre équipe
reléguée dans les ténèbres pour n’avoir pu s’approprier la balle, symbolise le
camp nocturne de l’astre. (…) L’archéologie et la tradition recueillie par les
chroniques nous apprennent que le capitaine de l’équipe vaincue était sacrifié
au centre du tlachco. Il est aisé de comprendre que c’est à ‘‘l’équipe des
ténèbres’’, la perdante, que revient le rôle de nourrir de sang humain le
soleil assoiffé, pour qu’il puisse surgir de la nuit, à l’aube d’un jour
nouveau. Ainsi le tlachli s’offre comme une cosmogonie totale : une équipe
fait triompher la balle et célèbre a victoire du soleil sur la nuit ;
l’autre, par l’intermédiaire de son capitaine, fournit au soleil nocturne les
forces nécessaires pour assurer sa résurrection.</i> » (p. 180)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Ce problème de la subjectivité des sources
est d’ailleurs récurrent, car c’est l’aspect sacrificiel et spectaculaire qui a
d’abord frappé les <i>conquistadores</i> qui
l’ont rapporté, plutôt que des pratiques quotidiennes qui ne nous sont peu ou
pas parvenues : « <i>C’est </i>Ixtlilxochitl<i> qui rapporte l’anecdote fameuse de
l’empereur </i>Axayacatl <i>pariant avec le </i>tecutli<i> de </i>Xachimilco<i> la marché de Mexico contre l’un des jardins du seigneur, sur l’issue
d’une partie de </i>tlachtli<i>. L’empereur
perdit, mais pour que la suprématie de Tenochtitlan fût malgré tout affirmée,
il fit mettre à mort le victorieux seigneur en lui passant autour du coup un
collier de fleurs où était dissimulé un nœud coulant. Jusqu’au bout la logique
du destin semble avoir anéanti les timides manifestations d’un </i>alea<i> dissident.</i> » (p. 218) Et plus
encore dans cet exemple : « <i>Avec
son ton de moraliste, Torquemada énonce probablement la vérité : ‘‘Il était
des joueurs qui s’adonnaient au </i>patolli <i>avec
une telle passion et une telle frénésie, que beaucoup d’entre eux perdaient non
seulement leurs biens mais aussi leur propre liberté : car lorsqu’ils
n’avaient plus rien d’autre, ils jouaient leur propre personne et finissaient
esclaves’’.</i> » (p. 219) Le pari et les mises semblent donc tout à
fait exister, bien qu’ils soient condamnés et donnent lieu, ni plus ni moins qu’en Europe à
la même époque, à</span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> des abus</span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Ainsi, Christian Duverger, tout en notant
avec pertinence : « <i>Le
jeu occupait la lacune née de la non-superposition des rythmes du calendrier
humain et du mouvement des astres.</i> » (p. 15) ne semble pas creuser
cette symbolique. De même lorsque l’auteur tente de circonscrire le jeu,
celui-ci souligne : « <i>L’amphibologie
semble avoir jeté son dévolu sur la sphère ludique ; tout jeu est à double
face et tout ce qui a trait au jeu peut se lire en plusieurs sens.</i> »
(p. 10) puis « <i>L’esprit sombre devant le paradoxe : le jeu est jeu avec le
mouvement, l’oscillation, et la rupture ; le jeu est jeu avec la fin du
jeu ; parvenir à cerner le jeu, c’est sonner la fin du jeu, c’est
l’anéantir comme tel. Or le jeu n’a pas de fin, sinon il n’aurait pas
d’existence. Ainsi le jeu échappe à toute définition, qu’elle soit positive ou
négative.</i> » (p. 10). Demeure que ces sentences introductives de son ouvrage ne lui
servent pas conduire une étude qui lui permettrait d’y voir plus clair, se
contentant, comme Roger Caillois avant lui, de ranger les manifestations du jeu
en quatre catégories, de nous inonder de noms et de discussions
sur le véritable sens des mots <i>nahuatl</i>, et de mettre l’accent sur les aspects
les plus spectaculaires de la civilisation aztèque, comme le
sacrifice. Il y avait pourtant matière à davantage sur l'esprit ludique chez les Aztèques.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<i style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">L’esprit
du jeu chez les Aztèques</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13px; text-align: justify;"> de Christian Duverger, Mouton 1978, 326 pages, 35 €.</span>Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-67086441718208831212013-09-11T17:52:00.000-07:002013-09-22T08:55:20.543-07:00Le jeu chez l’enfant : essai de psychanalyse enfantine<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpyGzBxr7idHqQspe3gH4Mt8ojr66fwj2c4nS9OhWij_2qFQCVH_azoIxd1uUVLwM-OSxk7l-uwF4vbpCp5eLN647JMuwdCoaX7eEnnTow5ZA_KNl1GxA_kvEqL7vG2ipGt4N-Wx3Nn2Hg/s1600/Le+jeu+chez+l%2527enfant.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpyGzBxr7idHqQspe3gH4Mt8ojr66fwj2c4nS9OhWij_2qFQCVH_azoIxd1uUVLwM-OSxk7l-uwF4vbpCp5eLN647JMuwdCoaX7eEnnTow5ZA_KNl1GxA_kvEqL7vG2ipGt4N-Wx3Nn2Hg/s320/Le+jeu+chez+l%2527enfant.jpg" width="250" /></a></div>
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Le sous-titre aurait mérité de figurer sur
la couverture tant on est loin avec cette étude d’un essai pédagogique :
le jeu est essentiellement entrevu comme « objet transitionnel »,
n’est pas à même de permettre à l’enfant de s’affranchir de ses angoisses en
les projetant à l’extérieur de lui. Mais cette perspective psychanalytique a
une fâcheuse tendance à servir d’œillère à l’auteur qui ne fait du jeu, le plus
souvent, qu’un moyen d’exercer une frustration sadomasochiste : « </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Ni l’enfant ni la mère ne savent que la
poupée sauvagement fessée par la fillette est la mère en question ; la
déformation de la censure permet l’extériorisation du désir interdit dans ‘‘les
aspects et les limites qui conviennent’’</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 22). Pourtant en jouant
l’enfant cherche d’abord à comprendre, c'est-à-dire à saisir par l’expérience
en inversant les rôles les raisons qui ont conduit ses parents, dont il dépend,
à la faire souffrir. La fillette fesse donc d’abord sa poupée pour comprendre
le geste de sa mère en se mettant à sa place, ce qu’explique par ailleurs
Philippe Gutton : « </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Ensemble
des actions physiologiques, mentales et verbales et motrices par lesquelles un
sujet, aux prises avec son entourage, cherche à résoudre les tensions qui le
motivent, à réaliser les possibilités.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 24).</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Cela n’empêche cependant pas l’auteur
d’avoir des intuitions lumineuses : « <i>Dans sa relation avec le jouet, la mère a une conduite ambiguë :
elle se donne et se retire ; la mère exprime son désir de présence
constante auprès de son enfant et, en même temps, confirme l’autonomie possible
de celui-ci lors de son absence.</i> » (p. 26) Ce qui est une bonne
explication du for da de Sigmund Freud, voire en posant les bases du jeu comme
activité projective : « <i>Le
phénomène de projection est constant dans le jeu dont il constitue le mécanisme
fondamental </i>». (p. 38). Curieusement, alors que l’auteur est capable
d’analyses très fines, il semble laisser au seul lecteur le soin de les lire.
Ainsi il est capable d’écrire p. 60 : « <i>Rappelons aussi le cas de cette petite fille, qui n’osant pas traverser
l’antichambre dans l’obscurité, par peur des fantômes, a ‘‘un subterfuge’’ qui
lui permet de maîtriser sa peur : elle se livre, lors de la traversée de l’antichambre,
à des gesticulations bizarres et ‘‘au bout de peu de temps elle révèle
triomphalement à son jeune frère le secret de sa victoire sur l’angoisse :
‘‘Il ne faut pas avoir peur dans l’antichambre, dit-elle, tu n’as qu’à jouer à
être toi-même le fantôme qui pourrait venir.’’ Le fait de gesticuler équivaut
donc à une identification à l’objet extérieur redouté. Tout ceci donne un angle
nouveau à l’analyse des jeux où l’enfant se donne un rôle : jouer au papa
et à la maman, jouer au dentiste, au docteur.</i> » Pour mieux retomber
dans l’interprétation sadomasochiste à la page suivante : « <i>Prenons l’exemple du jeu du docteur :
lorsque l’enfant a subi une agression médicale, il va présente dans les heures
et les jours qui suivent un certain nombre de comportements ludiques visant en
quelque sorte à se débarrasser du traumatisme passivement subi ; il
utilisera des objets symboliques sur lesquels il marquera son agressivité, ou
il fera subir à un autre enfant les souffrances que le médecin lui a imposées.</i> »
A la différence que la seconde analyse, généralisation contestable, n’est
étayée cette fois d’aucune observation…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Perspicace, Philippe Gutton propose
plusieurs pistes d’interprétation qui sont particulièrement novatrices au
regard de l’époque d’écriture : en faisant par exemple du jeu un
savoir-être, plutôt qu’un savoir faire : « <i>Le récit de l’adolescent, très précis dans la description de ce jeu,
n’arrive pas à passer dans les mots le vécu profond de ce qui s’expérimente au
moment où il est pris comme voleur par le gendarme. Tout se passe comme si nous
étions à un niveau au-delà de la parole, de l’ordre de l’être bien.</i> » (p.
74) ou en soulignant l’apport novateur de la psychanalyse américaine : « <i>Winnicott donne à sa description une
potentialité intéressante lorsqu’il suppose que ‘‘penser ou fantasmer se
rattache à l’activité fonctionnelle’’</i> » (p. 90.) toujours dans une
perspective expérientielle, l’auteur faisant du jeu un moyen d’assimilation de
cette expérience : « <i>Le jeu se
déroule comme un récit élaborant par répétition une séquence du passé.</i> »
(p. 111).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Si Philippe Gutton peut se montrer plus
conventionnel, il sait synthétiser de manière efficace les connaissances
psychanalytiques contemporaines concernant le jeu, moyen privilégié de
réalisation potentielle du fantasme : « <i>Le fantasme paraît lié à l’émergence des principes secondaires
contemporains de la suprématie du principe de réalité. Les activités
fantasmatiques sont une compensation imposée par la réalité. Le fantasme était
tout puissant, le jeu cherche à l’être. Le jeu garde toujours le souvenir de
cette maîtrise de telle sorte que l’action ludique, en maîtrisant le fantasme,
le réalise en quelque sorte de façon déplacée dans l’espace. »</i> (p. 146),
le jeu est savoir-être en ce qu’il est contrôle du pouvoir-faire et de la
pulsion qui le sous-tend : « <i>L’acte
ludique est maîtrise de l’environnement ; il est possession de l’objet.
L’agir ludique peut se définir comme la domination d’un monde auparavant
dominateur ; ce renversement de la situation (passif-actif) est une autre
façon de décrire la symbolisation de la toute-puissance.</i> » (p. 147).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Une perspective exclusivement
psychanalytique, donc souvent frustrante et partiale, qui n’empêche pas quelques
observations et analyses dignes d’intérêt.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Le
jeu chez l’enfant</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;"> <i>:
essai de psychanalyse enfantine </i>de Philippe Gutton, Larousse 1973, 176 pages,
épuisé.</span><span style="font-family: Verdana, sans-serif;"> </span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-16088650479639081962013-09-01T12:17:00.000-07:002013-09-01T12:17:00.817-07:00Le jeu du monde<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8jKgB9LgivDz-vtVigu-YqkSPxn1Go-56dtDsi32ipZFHQ0zGgRwk3luGkkkJ0fLoYZXwVBpgFBpGgXdgJ4hgZPDZKImcWIo1hn6RYgJXkB7nbwJCxI0_PS6vmnqNPGCpmaI3ZnQFYhXz/s1600/Le+jeu+du+monde.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8jKgB9LgivDz-vtVigu-YqkSPxn1Go-56dtDsi32ipZFHQ0zGgRwk3luGkkkJ0fLoYZXwVBpgFBpGgXdgJ4hgZPDZKImcWIo1hn6RYgJXkB7nbwJCxI0_PS6vmnqNPGCpmaI3ZnQFYhXz/s320/Le+jeu+du+monde.jpg" width="199" /></a></div>
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Très inspiré dans son titre comme dans son
contenu par l’essai d’Eugen Fink, </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/11/le-jeu-comme-symbole-du-monde.html">Le jeu comme symbole du monde</a></i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">, que l’auteur, Kostas Axelos, a accueilli en 1966
dans la collection Arguments qu’il dirige aux Editions de Minuit, </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Le jeu du monde</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> se présente comme un
essai intermédiaire entre les </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Fragments</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">
d’Héraclite et les </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Pensées</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> de Pascal,
mais avec une forte influence des penseurs du savoir et de la méthode tels
Platon, Aristote, Descartes ou Marx et celle des philosophes du jeu tels que Kant,
Hegel, Nietzsche et Sartre. En l’espèce, le résultat hésite en permanence entre
de courts articles, des fiches d’idées et des aphorismes. Mais à la différence
de </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">J<a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2010/09/jeux-finis-jeux-infinis.html">eux finis, jeux infinis</a></i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> de James
P. Carse, essai qui arrivait quand même à tenir le défi de la pensée courte sur
toute sa longueur, Kostas Axelos effectue des va-et-vient incessant entre le
débat, la pensée lapidaire, le constat, l’analyse, sans la moindre structure, ni
progression ou liaison entre ces différentes formes.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">L’intérêt réside dans la faiblesse même de
l’ouvrage : près de 450 pages de pensées donnent à boire et à manger et
permettent de faire son miel de celles que l’on a su grappiller. En revanche l’ensemble
demande certaines compétences de lecture rapide voire du courage quand l’auteur
sombre dans l’autoréférence, la discussion philosophique, distribue les
accessits entre penseurs, polémique sans nous introduire les tenants et
aboutissants de sa pensée… Kostas Axelos oublie que l’aphorisme est un genre
qui ne supporte pas plus la longueur que la médiocrité, deux travers dans
lesquels il tombe souvent, semblant vouloir nous livrer la moindre de ses
pensées en refusant de choisir (ce qui l’obligerait à l’organiser). Or
certaines sont d’une rare indigence : « <i>Les imbéciles se croient victorieux après chaque débat ou combat.</i> »
(p. 74), ce qui ne semble pas étouffer celui qui se livre tout au long de cet
essai à des polémiques avec lui-même dont il tranche toujours la vérité en sa
faveur, ou encore : « <i>Les
filles aux yeux tristes et aux cuisses un peu lourdes attirent encore les
chevaliers non chevaleresques de la quête du Graal.</i> » (p. 78), pensée dont
le rapport avec le jeu du monde, outre le sexisme latent qu’elle recèle,
demeure nébuleux.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mais si l’on ne s’arrête pas au pitoyable,
cet essai contient son lot de pensées stimulantes sur le savoir, le jeu, sa
méthode d’analyse, et sur son infatigable joueur : l’homme, voire une
métaphore de lui-même, à l’instar de l’univers, le monde, qui se contient
lui-même. Le jeu est ainsi pour Kostas Axelos, d’abord l’occasion de penser
différemment : « <i>Pour la grande
philosophie, apprendre à mourir et apprendre à vivre n’ont fait qu’un. Ce
qu’elle n’a pas su faire : apprendre à jouer.</i> » (p. 30). En
effet, le jeu de la pensée est le reflet de celui de l’homme qui oscille entre
vie et mort, lui permettant de profiter de la première tout en dépassant la
seconde : « <i>Aussi langage et
pensée, travail et lutte, amour et mort, ainsi que jeux particuliers,
relèvent-ils tous, tout autant que magie, mythes et religion, poésie et art,
politique, philosophie, sciences et technique, de règles et d’ouvertures des
jeux qui se jouent à travers eux et surtout du jeu qui les contient et qui se
dérobe.</i> » (p. 91). Le jeu est contenu dans la vie, mais l’instinct pas
plus que la nécessité n’expliquent la capacité de l’homme à surmonter
l’angoisse de sa fin prochaine, sinon le jeu incessant qui lui fait tour à tour
s’illusionner de la vie dont il jouit tout en lui faisant imaginer qu’une
partie de lui-même demeure immortelle.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Ce raisonnement conduit l’auteur à
considérer le jeu comme une façon de penser le monde qui contient toutes les
autres : « <i>Avec radicalité,
fermeté et souplesse, le style du jeu, son allure générale, peut-être
saisissable par une pensée orientée et méthodique qui accepte de
l’expérimenter, comme un ensemble composé de plusieurs éléments, aux
combinaisons multiples ; pour le porter jusqu’au langage articulé il est
nécessaire de le saisir comme un tout, sans négliger ses parties et ses
aspects, ses faces et ses revers.</i> » (p. 91) En effet, le jeu est tout
comme tout est jeu : « <i>Le jeu
embrasse sagesse et sottise, ‘‘vrai’’ et ‘‘faux’’, ‘‘bien’’ et ‘‘mal’’,
‘‘beau’’ et ‘‘laid’’. D’emblée, il transcende la logique, l’éthique et
l’esthétique, les impliquant.</i> » (p. 95). Il est cet acte ultime que
François Euvé décrit dans <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2010/08/penser-la-creation-comme-jeu.html">Penser la création comme jeu</a></i>, comme le jeu de la sagesse à la création du
monde : « <i>La pensée
philosophique naît du jeu de l’énigme dont vie et mort sont l’enjeu, essaie de
poser l’énigme de l’être, sans oser le saisir comme jeu. Formuler l’énigme
suprême, à laquelle personne ne peut répondre, est-ce cela le jeu de la sagesse
suprême ?</i> » (p. 25).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Puisque, « <i>A proprement parler donc, le jeu n’est ni un mot ni un concept. Dans et
avec lui, devient manifeste, en tant qu’annonciation, la clôture de tous les
jeux, des catégories et des nominations. Lui-même, aussitôt avancé, il se
retire. Cependant, – sans anthropomorphisme –, il joue avec la polyonymie, la
polysémie.</i> » (p. 428), pour penser ce jeu qui est tout est rien,
origine et finalité, permanence et renouvellement perpétuel, il faut désormais
dépasser la pensée qui ne peut embrasser le jeu qui lui est supérieur et
constater l’échec de la logique : : « <i>Presque rien n’est moins rigoureux que le ‘‘concept’’ de rigueur.</i> »
(p. 144). Seule une pensée supralogique, une pensée non réductrice, complexe telle
que la définit Edgar Morin sans sa <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2012/05/la-methode-4-les-idees-leur-habitat.html">Méthode</a></i>,
permet d’aborder le jeu. Une pensée qui ne distingue pas le vrai du faux,
l’inclusive de l’exclusive, mais montre la richesse de mondes de pensée qui
peuvent être différentes réalités à la fois, du moins tour à tour, l’auteur
concluant : « <i>Il n’y a pas de jeu où
tous les coups soient permis, hormis le jeu lui-même.</i> » (p. 443). Car
le jeu des hommes est par essence infini pour eux : « <i>Ils semblent jouer depuis fort longtemps une fin de partie qui sans
cesse recommence, sans cesse les relance.</i> » (p. 279), puisque notre
conscience prend fin en même temps que notre vie. Le jeu du monde est à notre
image, il nous contient comme notre esprit le contient : « <i>Jouet de la poussière, surgi de la terre et
redevenant poussière, l’homme joue quelque temps avec elle.</i> » (p.
272).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Des réflexions disparates autant
qu’érudites, parfois intéressantes bien que trop souvent tributaires des
penseurs antérieurs, sauf sur les questions de connaissances où Kostas Axelos
innove en faisant du jeu l’une d’entre elles, et celle qui les contient toutes,
et en produisant une représentation originale (p. 218-219). A condition que l’on
se donne le courage d’en parcourir tous les remous.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<i style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; text-align: justify;">Le
jeu du monde</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13px; text-align: justify;">
de Kostas Axelos, Les éditions de minuit 1969, 444 pages, épuisé.</span>Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-40280218927265047482013-08-11T12:47:00.000-07:002013-08-11T12:47:00.042-07:00Le pays des jouets<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUX71kPWbm4WjKHOh7BNypBb6u9udldnQYhnDhBh3mHlRm2Mp1WvJjB3djxvHqdURHLU95kz-ywpsD69a4k5IEoprnZ9odL5xz8g8H0uqB27x6r4w42bq_DMQqCzVp5fT6kflKgi2GamfC/s1600/Enfance+et+histoire.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUX71kPWbm4WjKHOh7BNypBb6u9udldnQYhnDhBh3mHlRm2Mp1WvJjB3djxvHqdURHLU95kz-ywpsD69a4k5IEoprnZ9odL5xz8g8H0uqB27x6r4w42bq_DMQqCzVp5fT6kflKgi2GamfC/s320/Enfance+et+histoire.jpg" width="205" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Maintenir un blog bibliographique est d’abord
un moyen de garder une trace de ses lectures, mais parfois aussi le plaisir de
se voir conseiller de nouvelles lectures par un connaisseur anonyme. C’est le
cas pour </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Le pays des jouets</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> dont je
remercie ici le lecteur qui m’en a fait la recommandation. La pensée de Giorgio
Agamben n’est pas des plus faciles à suivre, et sa préoccupation semble être
davantage l’histoire que les jouets. Ce faisant, comme tous les penseurs originaux,
il délivre par ricochet des analyses stimulantes sur le jeu (et son complément inverse :
le rite). Ainsi que le souligne déjà Christian Duverger : « </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Le rite fixe et structure le calendrier, le
jeu au contraire – même si nous ignorons encore comment et pourquoi – l’altère
et le détruit.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 121). La différence entre le calendrier solaire
et lunaires est synonyme de fêtes et de jeux, comme c’était le cas pour les
Romains qui au moment des Saturnales autorisent le jeu qui reste interdit à
tout autre moment de l’année. Le jeu et la fête deviennent ainsi un moyen de
solder et de prendre congé de l’année finissante avant d’annoncer l’ordre
régénéré de l’année nouvelle.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">L’histoire devient le produit du rapport
entre rite, qui fixe le mythe, et jeu qui le réactualise en faisant revivre
l’événement. Gorgio Agamben poursuit
alors en précisant cette opposition entre
rite et jeu : « <i>On peut
affirmer que le rite a pour tâche de résoudre la contradiction entre le passé
mythique et le présent, en supprimant l’intervalle qui les sépare et en
rassemblant tous les événements dans la structure synchronique. Le jeu, quant à
lui, procède à une opération symétrique et inverse : il temps à rompre le
lien entre passé et présent, à dissoudre la structure, à la faire voler en
éclats événementiels. En d’autres termes, si le rite est une machine à
transformer la diachronie en synchronie, le jeu est au contraire une machine à
transformer la synchronie en diachronie.</i> » (p. 129). Le jeu est
diachronique car il réactualise par l’expérience propre du joueur la symbolique
attachée au jouet qui la véhicule, afin de se l’approprier, alors que le rite
fixe à travers le temps et de manière intemporelle un usage décorrélé de son
contexte dont la réussite tient tout entière dans la capacité de l’homme à le
restitué tel qu’il a été fixé. Le rite est donc <i>simulacre </i> là où le jeu est
au sens propre <i>recréation</i>.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mais l’opposition entre les deux termes est
celle de la complémentarité : « <i>Plus
précisément, nous pouvons considérer le rite et le jeu non comme deux machines
distinctes, mais comme une seule et même machine, comme un système binaire
unique, articulé sur deux catégories indissociables dont la corrélation et la
différence permettent au système de fonctionner.</i> » (p. 130) C’est le
temps figé du mythe qui en se combinant au potentiel créatif du jeu détermine
le temps historique. Quoique il faille relativiser puisque : « <i>On ne peut pas plus identifier la synchronie
à la statique que la diachronie à la dynamique, d’autre part et surtout il n’y
a pas d’événement pur (de diachronie absolue), ni de pure structure (d’absolue
synchronie) : tout événement historique représente un écart différentiel
entre diachronie et synchronie, instaurant entre elles une relation
signifiante.</i> » (p. 132) Cette opposition est donc d’autant moins
franche que l’un contient toujours un peu de l’autre, et que l’histoire assure
une alternance entre ces deux pôles : « <i>Dans les sociétés à histoire cumulative, le temps linéaire est toujours
freiné par l’alternance et la répétition du temps de la fête, qu’enregistre le
calendrier ; dans les sociétés à histoire stationnaire, le temps cyclique
est toujours interrompu par le temps profane.</i> » (p. 136)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Et Giorgio Agamben de conclure que le
religieux et le profane sont liés jusque dans les survivances que les deux
domaines, sacré et profane, gardent l’un de l’autre : le rite peut donner
lieu à des jeux comme les jeux olympiques ou le <i>tachtli </i>aztèque, et le jeu reste le témoin d’un contenu
mythique : « <i>On jouait avec le
‘‘mort’’, comme le font aujourd’hui encore les joueurs de cartes. Bachofen, on
le sait est allé plus loin encore, en affirmant que ‘‘tous les jeux ont un
caractère funéraire (…). La méta est toujours une pierre tombale (…).</i>’’ (p.
140). Une réflexion stimulante qui fait de l’histoire la passerelle nécessaire
entre le temps sacré immobile et celui cyclique et autarcique de la fête,
empruntant sa linéarité au premier et sa capacité à créer l’événement au
second, tout en positionnant le rite face à son pendant profane : le jeu.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Enfance
et histoire</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">
(1978) de Gorgio Agamben, Payot & Rivages 2010, p. 115-151.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-62765464462840378652013-08-01T21:48:00.000-07:002013-08-01T21:48:00.113-07:00Art du jeu, jeu dans l'art : de Babylone à l'Occident médiéval<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxu1j6ivwhyphenhyphenDyIxJaTT4fmI5nMKNvRR6AZb7NjqZNge0Ei81ZY5XRfLjf9UtskyfgyHvMDRJHegCkBqD0e3VMT4UpRGnURIySk8MlgJvmOGXHNUoEV4G11wBsG6MI5Ba7x7HePsEE7rBAa/s792/Art+du+jeu+jeu+dans+l'art.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxu1j6ivwhyphenhyphenDyIxJaTT4fmI5nMKNvRR6AZb7NjqZNge0Ei81ZY5XRfLjf9UtskyfgyHvMDRJHegCkBqD0e3VMT4UpRGnURIySk8MlgJvmOGXHNUoEV4G11wBsG6MI5Ba7x7HePsEE7rBAa/s320/Art+du+jeu+jeu+dans+l'art.jpg" width="245" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Nous avions souligné l’intérêt de
l’exposition <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2012/12/art-du-jeu-jeu-dans-lart.html">Art du jeu, jeu dans l’art</a></i>
qui réalisée au musée national du Moyen Age du 28 novembre 2012 au 4 mars 2013
en dépit du fait qu’il était impossible de jouer aux jeux présentés et qu’il
s’agissait davantage d’anoblir le jeu au moyen de l’art, le jeu n’étant qu’un
prétexte à la mise en valeur des collections du musée qui renferme entre autres
le magnifique échiquier de cristal de roche et d’argent doré dit
« échiquier de Saint Louis ». Le propos était donc moins de faire le
point sur l’évolution des pratiques entre l’époque babylonienne et le Moyen Age
que d’offrir un prétexte attractif au rassemblement de beaux objets ayant
traits de près ou de loin au jeu. L’exposition s’est tout de même fendue de
quelques panonceaux évocateurs et plutôt réussis sur le jeu comme parabole du
champ de bataille, sur le jeu et la mort ou le jeu et le destin en le
rapprochant de l’art divinatoire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">On attendait du catalogue qu’il vienne
légitimement poursuivre et approfondir l’exposition, voire qu’il permette d’en
dépasser les limites en révélant les pratiques derrière l’objet jeu.
Malheureusement la poignée d’articles proposés en ouverture n’est pas plus
pertinente que la moyenne dans ce type de littérature : l’article
« Jouer par terre » évoque ainsi le jeu avant que les tabliers se
popularisent, ce qui est plutôt paradoxal dans une exposition qui donne la
place centrale à la beauté matérielle des plateaux de jeux. C’est loin d’être inintéressant en soi, sauf
que l’art du jeu comme pratique n’est jamais le propos du reste de l’ouvrage
qui met allègrement sur le même plan des analyses croisées sans rapport :
un jeu donné (les échecs), un genre de jeux (les cartes), un questionnement sur
le hasard, une parabole sur le jeu comme lutte, etc. Le jeu semble prétexte à
des points de vue différents qui ne sont jamais reliés. Bref, comme dans la
plupart des catalogues, la thématique n’est qu’un alibi et n’éclaire pas la
plupart du temps la signification de l’acte auxquels tous ces objets, qui
étaient tout sauf de la décoration, se rattachent. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Les objets sont comme d’habitude chez les
conservateurs de musée décrits en détail du point de vue des matériaux, de
l’origine, de leur authenticité, mais trop rarement de leur signification. Et
quand par hasard l’un d’entre eux s’aventure à émettre des hypothèses, c’est
bien souvent gratuit : « <i>Si un
joueur ne s’attirait pas les bonnes grâces de la fortune de la Fortuna / Tyché
mais savait contenir ses émotions – qualité fort appréciée –, on pouvait le
considérer comme un joueur intelligent. Cela pourrait bien expliquer la quasi-absence
du jeu purement stratégique Ludus latronculorum dans l’espace public.</i> »
(p. 23). Est-ce à dire que la majorité n’étant pas intelligente on ne jouait
pas à ces jeux ? Bien curieux raisonnement qui oublie se souligner que
l’immense majorité du public d’alors étant analphabète, voire ne sachant pas
compter, il lui était difficile de jouer à des jeux qui nécessitait des
capacités de calcul et d’abstraction : le hasard est d’abord un facteur
d’équilibrage et d’accessibilité, il suffit de considérer les jeux pour enfants
ou les jeux les plus anciens. De même quand l’un des auteurs précise « Ainsi
la partie d’échecs construit-elle un univers où le jeu de l’amour est maîtrisé
car clairement codifié, par opposition aux pulsions primaires qui pourraient
être illustrées par un jeu de dés. » (p. 118), il semble oublier que les
échecs se jouaient au Moyen Age avec des dés…<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mais l’ouvrage a quelques bons passages,
que ce soit pour préciser la signification que revêtait l’affrontement autour
d’un tablier de trictrac, visible jusque dans les pions employés : « <i>Ces disques en ivoire sculpté étaient
utilisés au Moyen Âge dans un jeu de table, sorte d’ancêtre du trictrac. Chaque
joueur disposait de quinze pièces, bien que le jeu opposât bien souvent les
douze travaux d’Hercule, le héros antique, aux exploits de Samson, le héros
biblique, doté par Dieu d’une force surnaturelle. </i>» (p. 116) ; ou
encore la symbolique guerrière dont se paraît la lutte des deux
adversaires : « <i>Le plateau sur
lequel sont lancés les dés, et où sont dressés les pions de deux joueurs
s’affrontant, semble bien avoir été de tout temps envisagé, par les joueurs
eux-mêmes, comme un champ de bataille en miniature. C’est que nous suggère par
exemple les pions en forme de captifs du monde égyptien, qui trouvent une
correspondance séduisante dans l’univers de l’empereur Néron si l’on en croit
un poète sicilien de sa cour artistique du nom de Calpurnius Siculus (Eloge de
Pison).</i> » (p. 118). Auteur dont <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/09/les-jeux-des-anciens.html">Louis Becq de Fouquières</a> a tiré sa
belle reconstitution des règles du jeu des latroncules.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Un superbe catalogue présentant des pièces
exceptionnelles, mais guère plus que cela.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Art
du jeu, jeu dans l’art </span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">: <i>de
Babylone à l’Occident médiéval</i>, édité par Isabelle Bardiès-Fronty, Réunion
des musées nationaux 2012, 160 pages, 34 €.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-84006847942027448492013-07-01T19:34:00.000-07:002013-07-01T19:34:00.571-07:00Jouets de toujours<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9VkYNEO8WYbdI1_VdQ2-d8TYbte0VippgtIySaDKcl2YKTg6TmN6qN1QHdVZ4SFNgy90ilfrkCZAgHeTYN9EpscDilZGPOlla7MaB2_8TBm3BnQapBnXc3K3LelyfNyieRfGM2vyZGaJ-/s1600/Jouets+de+toujours.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9VkYNEO8WYbdI1_VdQ2-d8TYbte0VippgtIySaDKcl2YKTg6TmN6qN1QHdVZ4SFNgy90ilfrkCZAgHeTYN9EpscDilZGPOlla7MaB2_8TBm3BnQapBnXc3K3LelyfNyieRfGM2vyZGaJ-/s320/Jouets+de+toujours.jpg" width="204" /></a></div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Adaptation pour le grand public d’une thèse
d’état en histoire, il ne faut pas chercher, en dehors de son objet, un fil
conducteur à ce catalogue de faits où la description écrase l’analyse. La
quatrième de couverture est ainsi plus honnête que le titre de l’étude : « <i>Cet ouvrage explique comment s’est formé un
véritable « marché du jouet » dont ont su profiter les merciers des
siècles passés</i>. » En effet, le jouet semble ravalé au rend d’objet, de
produit, mais le jeu de l’enfant auquel il sert de support n’est presque jamais
abordé. C’est une histoire du jouet vue par l’angle du musée : l’objet
matériel règne en maître, et lorsque son usage est examiné, c’est essentiellement
du point de vue parental ou institutionnel : débat sur le rôle du jouet et
leur nature dans l’éducation des enfants.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Le point de vue des enfants est finalement
le grand absent de cette étude, qui semble toujours saisir son objet, c’est le
cas de le dire, en tant que tel, comme si elle était totalement déconnectée de
sa finalité : le jeu. A la différence des <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/12/les-jeux-au-royaume-de-france-du-xiiie.html">Jeux dans le royaume de France</a></i>, de Jean-Michel Mehl, qui
astucieusement interroge les lettres de rémission pour traquer l’acte de jeu, Michel
Manson ne semble lui ne pas avoir trouvé d’angle d’attaque. Bien sûr il examine
le jouet dans l’art ou dans les textes, mais ces supports ne sont que le reflet
de la vision, souvent moralisante, des adultes auxquels ils sont destinés. Plus
inquiétant, il semble évident que certaines sources auxquelles l’auteur a
recours ne sont des que des conseils de bon sens, c’est-à-dire qu’ils ne sont
pas le fruit d’une observation mais plutôt de simples élucubrations, et ne sauraient
donc être à ce titre présentés comme le reflet de leur temps. L’auteur, avec un respect
scrupuleux des faits, semble ainsi mettre toutes ses sources sur le même plan
sans jamais les interpréter, si ce n’est au pied de la lettre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Pourtant la matière rassemblée dans cette
étude s’y prêtait et les nombreuses citations permettraient de bâtir des
chapitres sur la répartition des jouets par âge, l’usage spécifique des jouets
anciens (le hochet pour faire sortir les dents, le tambour attribut des garçonnets,
etc) ou encore leur aspect particulier (on apprend ainsi incidemment que la
poupée pouvait être en carton). En lieu et place de ces interrogations
légitimes, l’auteur nous livre, étalés sur plusieurs chapitres, des détails sur
la lutte d’influence que se livraient les différentes corporations :
merciers, bimbelotiers, tourneurs, tabletiers, miroitiers… Quant aux chapitres
sur l’histoire antique et médiévale, ils sont si laconiques et inférieurs aux
ouvrages qui les ont inspirés, comme celui remarquable consacrés aux <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/09/les-jeux-des-anciens.html">jeux des Anciens</a></i> de Louis Becq de Fouquières,
que l’on ne voit pas bien pourquoi l’auteur s’est obligé à évoquer 2500 ans d’histoire,
de la Haute-Antiquité à la Renaissance,
pour ne leur consacrer qu’une quarantaine de pages.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Il faut attendre la conclusion avant de
voir apparaître la première analyse du rôle du jouet et de sa place dans la
société, et qui plus est par le recours à la citation d’un tiers, Léo Claretie,
extraite de son rapport sur le jouet contemporain rédigé pour l’exposition
universelle en 1900 : « <i>Les
jouets ne sont pas ce que les frivoles pensent. S’ils amusent les enfants, ils
font réfléchir les grands à des questions graves et diverses, d’ordre moral,
social, économique, pédagogique, philosophique, historique. Ils font vivre des
milliers d’ouvriers, ils servent la cause de la prospérité nationale par les
millions qu’ils jettent dans le mouvement des affaires. Ils influent par leur
contact immédiat avec les générations qui naissent, sur le goût et l’esprit
publics ; ils concourent à l’éducation des enfants, dont ils sont les
premiers sujets d’études ; ils inscrivent les annales par le bibelot, le
souvenir des grands personnages et des événements notables.</i> » (p.
324-325). Plus regrettable encore, ce traitement des jouets au pluriels, comme
un bazar, un fourre-tout hétéroclite d’objets comme les autres, qui semble
exclure de fait la question essentielle, celle du jouet en tant que condition
et prétexte du jeu. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Jouets de toujours</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;"> de Michel Manson,
Fayard 2001, 382 pages, 23 €.</span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com2Paris, France48.856614 2.352221900000017748.6894645 2.0294984000000178 49.0237635 2.6749454000000177tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-17288737071314878372013-06-01T17:51:00.000-07:002013-06-01T17:51:00.368-07:00Le jouet : valeurs et paradoxes d’un petit objet secret<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCzfTRvpkaPWYhVAtxWtH5Zm0L8LB98G2CGWMCbOdYyLDl3blk-Kl7u7A8S2yDP-5XmK-bV5UWqgXJ6iZJwDPFVfHTAXAfNfPlieIZjfvco6l7UlV8NhdjJtUnXMMEKr0zac46WMMN4NMO/s1600/Le+jouet.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCzfTRvpkaPWYhVAtxWtH5Zm0L8LB98G2CGWMCbOdYyLDl3blk-Kl7u7A8S2yDP-5XmK-bV5UWqgXJ6iZJwDPFVfHTAXAfNfPlieIZjfvco6l7UlV8NhdjJtUnXMMEKr0zac46WMMN4NMO/s320/Le+jouet.jpg" width="213" /></a></div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Au terme de la lecture de
cet ouvrage collectif on se dit que le titre résume très bien l’ouvrage :
les contributions d’auteurs de tous les horizons donnent une allure hétéroclite
aux articles et renforcent l’impression d’un secret qu’aucune d’entre elles
n’arrive à percer. Et l’on se dit avec un étonnement mêlé de déception que
c’est donc là le peu que tous ces spécialistes ont à nous livrer sur le jouer.
Gilles Brougère, auteur d’une belle introduction et d’un article intéressant
sur la réinterprétation que les enfants font nécessairement de leur jouet,
qu’il soit perfectionné ou non, qu’il soit prévu ou non pour cet usage, est
l’un des seuls à ne pas verser dans le préjugé : « <i>Quelle satisfaction de voir des enfants
détourner et prendre face au jouet ce que nous pensons être une plus grande
liberté ! Mais l’usage conforme n’est pas moins inventif du point de vue
de l’enfant. Dans les deux cas il s’agit de s’approprier l’objet à la fois par l’action
et l’imagination. Le but est le même, seule la stratégie diffère. Au même jeu
lié à une émission télévisée, des groupes font respecter la règle est inventent
sur la trame du scénario original, pendant que d’autres réinventent un contexte
et transforment les personnages et leurs relations. Deux stratégies qui
différent plus par les moyens que par la fin.</i> » (p. 36)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Malheureusement, peut-être
parce que la plupart des contributions sont le fait de spécialistes des
sciences de l’éducation, la plupart des sujets ne sont qu’effleurés, outre
qu’ils ne portent pas forcément sur le jouet lui-même : les ludothèques,
l’achat, le livre animé, les jeux de simulation, le handicap, Nöel, le musée,
le parc, les collectionneurs, etc. Bref, ce n’est pas en lui tournant autour
que l’on percera à jour le jouet, pas plus que de constater son caractère
hétéroclite ne nous fait avancer vers sa compréhension ; en cela, la
contribution de Lucette Savier est patente : un inventaire à la Prévert de
paragraphes ordonnés par l’ordre alphabétique qui n’a rien à faire dans une
production scientifique. Si l’on ajoute à ces critiques celle qu’aucune
différence n’est faite entre jeu et jouet, l’impression qui domine est celle
d’un pot-pourri. Enfin, rares sont les contributions qui dépassent le stade
descriptif pour se lancer dans l’analyse, alors de là à espérer que le lecteur
puisse en tirer une synthèse… Quand un auteur ne se met pas carrément à
désinformer le lecteur par une présentation hagiographique des grands succès du
« jouet », à l’instar de Lego et du Monopoly, péchée probablement
dans les brochures publicitaires des marques respectives mais qui ne disent
rien de leur origine controversée (des copies illégales d’un jouet plus ancien).
Certes les contributions ont bien été agencées par thématique, mais cet aspect
reste essentiellement cosmétique.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Finalement, la bonne surprise
provient d’une annexe qui en brossant l’histoire du jouet au XXe siècle, les
conséquences de la 1e et de la 2e guerre mondiale sur le revirement du marché
français du jouet allemand vers le jouet américain, l’influence de la publicité
sur le pouvoir prescripteur de l’enfant et l’impérialisme du jouet industriel
donc du plastique, avec pour conséquence le déplacement naturel de sa
production vers les pays asiatiques qui vont en retour peser sur l’irruption du
jeu vidéo chez les plus jeunes, succédané du flipper des adolescents.
Finalement l’intention était bonne et réclamerait simplement un ouvrage plus
rigoureux qui fasse sien l’ambition de Gilles Brougère en conclusion de son
éditorial : « <i>A travers le
jouet, les sociétés définissent situations et actions légitimes pour l’enfant.
Cet objet apparaît profondément paradoxal. Moyen d’intégration sociale que
certains vitupèrent en fonction d’une trop grande fidélité à des situations
imparfaites, il est aussi support d’évasion en tant que stimulant de
l’imagination. Renvoyant l’enfant à son enfance en le vouant au faux-semblant
et au frivole loin du vrai adulte, il est le lieu d’expériences qui le portent
à sortir de l’enfance : les thèmes illustrent le désir de grandir, d’être
adulte, mais aussi sa consommation insère l’enfant dans le monde social en en
faisant un acteur économique de plein exercice. On ne peut dissocier la
gratuité attribuée au jeu des relations du jouet avec un univers économique et
social.</i> » (p. 12-13). Dommage qu’il ait été si peu suivi.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Le
jouet : valeurs et paradoxes d’un petit objet secret</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">,
ouvrage collectif dirigé par Gilles Brougère, Autrement 1992, 207 pages,
épuisé.</span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-29507428611433035122013-05-19T14:23:00.000-07:002013-11-26T00:10:55.183-08:00La science de l’information<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKo3FJ9pabQdVbj3FM7TOzVI9JfZTJPmvi1uy55mWXxstKpyoZC9VCxczffYaUV3dTOutFzfwFX7ytM6Jn6_eH2tCkW7Qn26DSei9jwOqwKcvj4voeCSPICjR-FCpxLO1DYZPRyk1h8Qqr/s1600/La+science+de+l'information.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhKo3FJ9pabQdVbj3FM7TOzVI9JfZTJPmvi1uy55mWXxstKpyoZC9VCxczffYaUV3dTOutFzfwFX7ytM6Jn6_eH2tCkW7Qn26DSei9jwOqwKcvj4voeCSPICjR-FCpxLO1DYZPRyk1h8Qqr/s320/La+science+de+l'information.jpg" width="209" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Difficile de trouver un ouvrage qui porte
sur l’information qui ne soit pas estampillé « & de la communication »
ou « & de la documentation » comme si l’on ne pouvait trouver d’intérêt
à l’information qu’en vertu de sa communication ou de son insertion dans un
document. Les manuels des sciences de la documentation ont en effet la fâcheuse
tendance à considérer systématiquement l’information comme un donné, qu’il n’est
donc pas besoin de définir. Pourtant le jeu, n’est pas encore tout à fait considéré
comme un document porteur d’informations, ne serait que parce que les
ludothèques ne sont pas considérées comme des bibliothèques, et si certaines possèdent
des jeux, c’est davantage parce que leur public les plébiscitent que parce que
ceux-ci constitueraient des documents en tant que tels. A l’inverse, la science
de la communication se présentant comme une discipline universitaire transversale
qui apporte une dimension critique aux autres sciences, elle est moins
intéressée par l’information que celles-ci véhiculent que par le véhicule
lui-même. Le jeu n’est de leur point de vue pas plus pertinent que la médecine,
puisque les raisons de communiquer ne sont que des prétextes à la communication
véritable.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">La jeunesse des sciences de la
communication n’est rien comparée à celles de l’information qui ne semblent
jamais exister sinon dans l’expression « société de l’information »,
ce qui est d’autant plus troublant que les sciences de l’information et de la communication
revendiquent leur statut de science sociale. On peut dire que l’auteur est un
des seuls à souligner ce paradoxe, comme si une information ne pouvait se
décréter mais seulement se constater, s’imposant par elle-même. Reste que, de
ce point de vue, la conception de cette étude est finalement très classique : « <i>L’information est une connaissance inscrite
(enregistrée,) sous forme écrite (imprimée ou numérisée), orale ou
audiovisuelle, sur un support spatio-temporel.</i> » (p. 6). Si sans
inscription l’information ne saurait en être une (toute performance est donc
vide de sens), alors cela revient à laisser à la technique le soin de
distinguer l’information, ce qui ne peut pas tenir. D’autant que définir l’information
par connaissance c’est substituer un mot valise à un autre, et ce malgré la
note : « <i>Le savoir désigne un
ensemble articulé de connaissances à partir duquel une science, système de relations formelles
et expérimentales, pourra s’engendrer.</i> »
(p. 6) Donc l’information est de la connaissance qui est du savoir qui fait
naître la science… Nous ne pouvons que donner raison à l’auteur qui introduisait
son chapitre en déclarant : « <i>Le
développement de la science de l’information a longtemps reposé sur des
concepts ambigus, polyvalents, à la transparence trompeuse.</i> » (p. 5).
Sauf que cet état de fait ne semble ni vouloir évoluer ni canaliser les efforts
de ses spécialistes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">La science de l’information intéresse le
jeu dans le sens où elle peut potentiellement le qualifier en tant qu’objet de
connaissance, à condition bien sûr que l’information sache s’identifier
autrement que parce qu’elle est désignée comme telle. Or, malgré une volonté de
schématisation et de classement (grandeurs mesurables de l’information que sont
le signal, le texte, le temps, la population, l’utilité [p. 55], fonctions du
modèle informationnel : heuristique (expliquer), organisationnel
(ordonner) et prédictif (formuler des hypothèses) [p. 74]…), l’ouvrage est
plein de phrases creuses alors qu’il se présente sous des dehors accessibles,
insistant outrageusement sur la technologie et la statistique, ce qui, en dépit
de ses multiples rééditions, le rend d’autant plus obsolète qu’il ignore l’essentiel
de la mobilité parce que sa dernière édition date de 2006. L’exposé sur la technologie
réseau, particulièrement indigeste, donne l’impression que l’auteur confond les
causes de la société de l’information avec son médium et sa manifestation, d’autant
que connaître les technologies réseau n’éclaire en rien sur l’information qui
transite par ses canaux, comme si croire que la connaissance des sons
renseignait sur le sens des mots. L’information se traduit certes en bits, mais
leur étude ne dit rien de l’information qui transite par eux. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Un essai dont l’approche « indépendantiste »
se justifiait pleinement, mais qui est loin d’être transformé. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">La
science de l’information</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;"> d’Yves-François le Coadic (1994), Paris, Presses
universitaires de France 2006, 128 pages, 9 €.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-56674901127876564472013-05-01T13:02:00.000-07:002013-05-01T13:02:00.262-07:00Le jeu pour le jeu<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUV18XtnNGQTTb3mQakMzf0QqbnFm3oH6DZOLsdZ61rDlwFRymhlKoUl6HIfHjo64npvsUlibiphXVq4nlPVVVnVo0WCG6XsTCGlluR7__3oXDLrCgoOq6um6J1a20UlMnT7kTZDGLyZC9/s1600/Le+jeu+pour+le+jeu.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUV18XtnNGQTTb3mQakMzf0QqbnFm3oH6DZOLsdZ61rDlwFRymhlKoUl6HIfHjo64npvsUlibiphXVq4nlPVVVnVo0WCG6XsTCGlluR7__3oXDLrCgoOq6um6J1a20UlMnT7kTZDGLyZC9/s1600/Le+jeu+pour+le+jeu.jpg" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;">Ecrit par un inspecteur
pédagogique et un professeur d’école normale (l’ancêtre des IUFM), cet essai
évite le pire : être pédant et suffisant comme l’affectionnent trop
souvent ces évaluateurs de l’Education Nationale. L’ouvrage est ainsi didactique
même si le bon sens se substitue, malheureusement trop souvent, à une analyse
informée ou une réflexion rigoureuse. En revanche, à part décerner des bons
points et des accessits, l’argumentaire se réduit à peau de chagrin, et le
présent livre s’appuie essentiellement sur l’exhortation et l’étude d’Henri
Wallon, </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;">L’évolution psychologique de
l’enfant</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;">. L’absence de bibliographie est patente, et l’index des auteurs
cités malhonnête, puisque l’étude d’Henri Wallon, qui est la source d’une page
sur trois, ne s’y retrouve pas plus de trois fois pour deux cents pages…</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Ainsi les lieux communs
sont égrenés comme des perles : les médias incitent à la passivité (p.
169), l’adversaire du jeu enfant est la « gadgéture » (p. 173), ce
qui, même si c’est inexact, flattera toujours le lecteur dans ses certitudes.
De même, en bons soldats de l’état, nos agents de l’éducation nationale font
des années soixante-dix les conditions inespérées pour mettre le jeu au centre
de la pédagogie, car bien sûr leur époque est plus éclairée que la précédente.
Alors que la place du jeu dans les textes officiels est peu ou prou la même
depuis la fin du XIXe siècle, comme l’a montré depuis Gilles Brougère dans <i>Jeu et éducation</i> en 1992. Les auteurs
aiment bien se gargariser de concepts creux comme « donner plus de place
au sport », « redéfinir l’école pour en faire une place ouverte »,
« faire de la récréation une opportunité de jeux », etc. débouchant
sur une conclusion à l’avenant : « <i>Les
conquérants de l’inutile que doivent être les nouveaux promoteurs d’une
pédagogie du jeu, seront les artisans d’une véritable renaissance culturelle.
La récréation retrouvée appelle la création.</i> » (p. 167)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Le pire étant sans doute
que les auteurs semblent les seuls dupes de leur boniment : « <i>Notre méthode tient ses promesses :
soucieux d’apporter un nouvel éclairage théorique à une que nous voulons
nouvelle en faveur du jeu, voici que les mesures pratiques préconisées nous
renvoient à des questions de méthode susceptibles de fonder une démarche
inédite. L’anthropologie pratique du jeu est à la fois la condition et la
conséquence de notre stratégie.</i> » (p. 171) Or non seulement les
auteurs ne proposent rien de pratique, mais ils imaginent en outre avoir décrit
une anthropologie, sans doute parce qu’ils citent p. 172 <i>Le paradigme perdu</i> d’Edgar Morin, dont je cherche encore la réalité.
Un livre parfois pas inintéressant, mais qui ne dépasse pas le stade des
(bonnes) intentions, échouant, à l’image des circulaires de l’Education Nationale,
à proposer, sinon une pensée critique, tout au moins une application à leur
démarche.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Le
jeu pour le jeu </span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">de Joseph Leif et Lucien Brunelle, Armand
Colin 1976, 191 pages, épuisé.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-79863127582872032242013-04-19T11:25:00.000-07:002013-11-18T02:29:34.981-08:00Ecrire les sciences sociales<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLJs8pNJy7bmzAM_Oyo0JkVaka9nHvZF0muazpLDVeSxIeY0gemqDHCMcw_K-ByXi2ci4OiFzLvk0BmzQ-7ZPdkoU-KdgoU2ypC6TSIMwpXw3awBj8VAEjPyrSOcR3GahQc0GPXh8ou-Ih/s1600/Ecrire+les+sciences+sociales.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLJs8pNJy7bmzAM_Oyo0JkVaka9nHvZF0muazpLDVeSxIeY0gemqDHCMcw_K-ByXi2ci4OiFzLvk0BmzQ-7ZPdkoU-KdgoU2ypC6TSIMwpXw3awBj8VAEjPyrSOcR3GahQc0GPXh8ou-Ih/s320/Ecrire+les+sciences+sociales.jpg" width="204" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Premier traité d’Howard Becker sur son
métier, il constitue une réflexion à la fois sur la recherche et l’enseignement
en sciences humaines. Si le style narratif de l’ouvrage est typique de son
auteur, il est plus difficile à admettre dans un traité qui se veut un traité
d’écriture. En effet le sociologue a tendance à prendre systématiquement son
cas en exemple, si bien que son écriture brouillonne, bien que toujours aussi accessible,
est montrée comme exemple d’une écriture efficace qui va à l’essentiel, ce qui
est passablement agaçant. Alors que l’auteur moque l’écriture sociologique et
prétend s’être essayé sans succès à une écriture plus littéraire, il fait de sa
technique de réécriture par simplification un modèle indépassable. Mais autant on
peut acquiescer (bien que je ne m’y plie pas, la preuve) à sa volonté de
supprimer les tournures passives et impersonnelles, autant sa mise en avant
systématique par le « je » et sa volonté de narrer sa recherche en
faisant de nous ses témoins est laborieuse et loin de celle emblématique d’un
Montaigne. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Où se trouve, par exemple, l’efficacité
dans le texte suivant : « <i>Je
fais par ailleurs collection de modules dont je n’ai pas besoin dans
l’immédiat, quand mon intuition me dit qu’un jour j’aurai à m’en servir. Voici
quelques idées que j’ai ainsi mises en réserve dans l’attente de leur trouver une
place dans ma réflexion et dans mes écrits...</i> » (p. 152) Qu’apporte la
seconde phrase à la première ? Ne peut-on les résumer par : « je fais
des fiches sur les idées qui me stimulent », évidemment cela ravale l’invention
méthodologique (« collection de modules ») de l’auteur à la pratique
de n’importe quel étudiant de mastère. De même, alors que l’auteur traque les
tics universitaires de ses collègues, celui-ci ne semble pas savoir que
« par ailleurs » il n’y a rien, comme disait mon professeur
d’histoire de lycée. Enfin, c’est symptomatique, en tant qu’anglo-saxon, Howard
Becker déclare qu’il aimerait présenter Paul Veyne, l’auteur fameux des essais <i>Le</i> <i>Pain
et le cirque</i> et de <i>Comment on écrit l’histoire</i>,
comme son mentor mais qu’il ne le peut parce que celui-ci n’est pas un
classique… Certes pour un sociologue, à fortiori américain, Paul Veyne ne l’est
peut-être pas, mais il faut le lire pour le croire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Le pire est que si l’auteur diagnostique
effectivement bien le mal de l’écriture, celui qui fait que le système scolaire
apprend à produire en temps limité, sans possibilité de retouche et au dernier
moment – alors le travail de recherche doit pour sa part nécessairement être
muri et retravaillé – il fait de ses
propres difficultés celles de tout le monde et, plus encore, de la sociologie
la seule lunette possible pour examiner ce mal. J’écris pour ma part dans la
douleur mais, heureusement, je n’ai presque pas à retoucher ce que j’écris, et
si j’ai du mal à rédiger c’est que je n’aime pas confronter le texte final à ce
que j’aurais rêvé qu’il soit. Pour le sociologue, c’est l’opinion des autres
qui nous paralyse, opinion dont je me fiche assez largement. Aussi la plupart
des techniques de réécriture proposées me semblent vaines et un peu
folles : à force de supprimer et de réécrire Howard Backer confie :
« <i>Ah, c’est donc ça que j’ai envie
de dire !</i> » (p. 165). Cette étude a donc au moins le mérite
de confirmer mon intuition qu’Howard Becker écrit au fil, de la plume sans
savoir où il va. Ainsi, et c’est le plus incroyable, aucun chapitre n’est
consacré à l’établissement du plan préalable (qui simplifie grandement la
tâche et la montagne qu’on se fait de l’écriture) ! Ainsi mon intuition me confirme
que les sociologues croient toujours nous révéler le monde que nous sommes incapables
de contempler alors qu’ils en disent bien davantage voire ne parlent jamais que
d’eux-mêmes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mais, heureusement, chez Howard Becker, la
démarche est toujours sympathique et non dénuée d’intérêt : « <i>Au lieu d’essayer de résoudre l’insoluble,
vous pouvez en faire état. Vous pouvez expliquer au lecteur pourquoi telle
question pose problème, quelles solutions vous avez envisagées, pourquoi vous
avez choisi celle, moins que parfaite, pour laquelle vous avez finalement opté,
et quelle est la signification de tout cela.</i> » (p. 69) Ce qui est
aussi simple qu’efficace, car les questions sont toujours plus riches que leurs
réponses. On trouve même une citation à la dernière page de l’étude qui résume
bien ce que ce blog pourrait surtout reprocher, sous forme de boutade, à
l’ouvrage : « <i>Et avec ça je n’ai
même pas mentionné les jeux électroniques</i> ! » […comme source de
gaspillage de temps !] (p. 169). <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Un essai bien en deçà de son ambition qui est
de poser la question fondamentale de l’écriture en science humaines sans la
limiter à un aspect esthétique. Mais l’ouvrage, certes plus ancien mais aussi inférieur
aux <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2010/06/les-ficelles-du-metier.html">Ficelles du métier</a></i> et à fortiori
de <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2010/07/comment-parler-de-la-societe.html">Comment parler de la société</a></i>, demeure
tout de même loin au dessus de la préface parfaitement inutile de Jean-Claude
Passeron qui a la faiblesse de cumuler à peu près tout ce que dénonce Howard
Becker dans son étude : galimatias, mousse, phrases creuses et ampoulées
pour un contenu inexistant. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br />
<i style="text-align: justify;"><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; text-align: justify;">Ecrire les sciences sociales : commencer et terminer son article, sa thèse ou son livre </span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13px; text-align: justify;">de Howard Becker [1986], Economica 2004, 208 pages, 19
€.</span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-17190521348926349162013-04-09T12:25:00.000-07:002013-07-07T03:02:55.991-07:00The ambiguity of play<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsm6nBDh2cgxS7sxVuZzDeJONPenXRS7HOstAbdqDdgo0dNai_sTmcPdh8X0WviF-6rruMYw1NvyURVTEERCTSiXQareSQYUfWCgmI1wfMWs7SuUJ0SnATlEQW-tuNWVTsJz4R6AKHNMX8/s1600/The+ambiguity+of+play.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsm6nBDh2cgxS7sxVuZzDeJONPenXRS7HOstAbdqDdgo0dNai_sTmcPdh8X0WviF-6rruMYw1NvyURVTEERCTSiXQareSQYUfWCgmI1wfMWs7SuUJ0SnATlEQW-tuNWVTsJz4R6AKHNMX8/s320/The+ambiguity+of+play.jpg" width="201" /></a></div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Les ouvrages américains
s’éloignent rarement des <i>game studies</i>,
c’est-à-dire que, dans l’esprit anglo-saxons, ces ouvrages de théorie écrit par
des praticiens, se doivent d’égrener des recettes opérationnelles pour analyser
ou concevoir des jeux dans une perspective professionnelle. L’ouvrage de Brian
Sutton-Smith, spécialiste de la pédagogie enfantine, prend quelques distances
avec ce modèle sans s’en détacher tout à fait. En effet, dans ce qui constitue
le nec-plus-ultra de l’abstraction ludologique pour les anglo-saxons, il s’agit
surtout pour l’auteur de reprendre à son compte non seulement les thèses mais
aussi la démarche de <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2007/09/homo-ludens-essai-sur-la-fonction.html">Johann Huizinga</a> et de <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2007/10/les-jeux-et-les-hommes-le-masque-et-le.html">Roger Caillois</a>. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Dès le départ, l’existence
de sept valeurs (rhetorics) du jeu est postulée, à l’instar des genres de
Caillois, et à l’image de <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2007/10/les-jeux-et-les-hommes-le-masque-et-le.html">Des Jeux et des hommes</a></i>, le reste de l’ouvrage illustre avec force exemples que ces
conceptions sont justes. Sauf que la critique qui était valable pour Caillois
en 1958, l’est toujours pour <i>The
ambiguity of play</i> en 1997 : la multiplication d’exemples ne vaut pas
preuve. En outre, l’absence de questionnement et d’explication sur ce qui a permis à
l’auteur de mettre au point ces catégories, parmi toutes les autres possibles,
enlève toute possibilité de critique scientifique de la démarche, et par cela
de validation scientifique du postulat de base sur lequel repose, comme un
château de cartes, l’ensemble de l’essai. Or si l’intitulé de l’ouvrage
semblait suggérer de façon originale que l’auteur considérait le jeu comme
insaisissable, et stimulait ainsi la curiosité du lecteur qui se demande
comment il est possible d’aborder un concept ambigu, en fait l’auteur se
contente de prendre acte des contradictions du ludique ce qui lui permet
d’introduire, à la façon de R. Caillois, et à défaut d’une définition, une
catégorisation de ses fonctions.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">C’est sans doute là que ce
situe la principale originalité de l’ouvrage, bien que l’auteur n'y prête guère
attention : en bon pédagogue, plutôt que de rechercher les différentes
natures du jeu, il en circonscrit les différentes fonctions. Certes le tableau
récapitulatif, à l’instar de celui de Roger Caillois, frise le ridicule, mais
aborder le jeu par sa signification semble une bonne piste. Reste que la liste
des valeurs, même après avoir achevé l’ouvrage, semble contestable :
quelle différence faire entre l’identité (identity) et l’être (self) ?
Pourquoi la relation est-elle absente ? Pourquoi l’ambiguïté du titre ne
constitue pas l’une des valeurs du jeu (sinon de constater que la diversité des
valeurs rend le ludique ambigu) ? La liste des sept valeurs :
progrès, destin, puissance, identité, imaginaire, être, frivolité n’est pas
hiérarchisée, et le plaisir qui motive le jeu semble absent. Pourquoi ? Nous
ne le saurons pas puisque l’auteur n’explicite jamais l’origine de sa
nomenclature.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">C’est dommage car, par
ailleurs, les réflexions de Brian Sutton-Smith sur les sources de la
connaissance (p. 59) ou la pensée de Mihaly Csikszentmihalyi sur le concept
d’expérience (« flow », p. 185), sont tout à fait pertinentes. Reste
que l’auteur n’arrive jamais à s’abstraire complètement de la méthodologie de
ses prédécesseurs et produit donc un livre déclaratif où rien n’est démontré ni
même appliqué, si bien qu’on ne sait pas bien quand on le referme ce que
celui-ci peut bien apporter, au-delà de son érudition évidente, à la pensée du
jeu. En conclusion, voulant insister sur l’aura grandissante du ludique, B.
Sutton-Smith semble lâcher un indice en forme d’aveu : « <i>Un cynique pourrait dire que la plupart des
sciences sociales sont des jeux de métaphores présentées comme processus
mesurables.</i> » (p. 218). Malheureusement, derrière ce bon mot, il
s’agit surtout d’un résumé du présent ouvrage. Une déception sur un si beau
sujet.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">The ambiguity of play</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"> de Brian Sutton-Smith, Harvard university Press 1997,
276 pages, 26.50 €<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-15231102979068386012013-03-19T09:13:00.000-07:002013-09-29T00:25:33.954-07:00Anthropologie de la communication : de la théorie au terrain<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidCP2UmkrZ9PAe-enGswWcd4L1eoWd6VP9EZUeSxz7zVZsEyOTbvGoOJhRzGdyn9yxmrn9f090lpB4V84ueSxUZ-3IJVYkmTbVPPvU3H1PM55FQ8ayOogMUo4dXe3QUOSswI6_w7r2iUV6/s1600/Anthropologie+de+la+communication.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidCP2UmkrZ9PAe-enGswWcd4L1eoWd6VP9EZUeSxz7zVZsEyOTbvGoOJhRzGdyn9yxmrn9f090lpB4V84ueSxUZ-3IJVYkmTbVPPvU3H1PM55FQ8ayOogMUo4dXe3QUOSswI6_w7r2iUV6/s320/Anthropologie+de+la+communication.jpg" width="193" /></a></div>
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">L’intérêt d’examiner le jeu du point de vue
de la communication tient en une caractéristique majeure commune :
l’interaction, comme Yves Winkin le résume bien : « </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">En voyant dans chaque interaction un rituel
de célébration de la société toute entière, Goffman a proposé un passage du
micro au macro, qui ne réduisait pas celui-ci à celui-là. La communication
envisagée comme performance de la culture accomplit le même trajet, mais, en
outre, me semble-t-il, autorise le passage en sens inverse, du macro au micro,
par le fait qu’elle agit comme un processus permanent de renforcement des
normes sociales. L’interaction accomplit l’institution, tandis que
l’institution permet à l’interaction de s’accomplir. La communication consiste
en cette double performance.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 124-125). Le jeu réalise la société
qui l’a conçu en faisant jouer la potentialité offerte par la
transgression fictive des règles sociales par la règle ludique : une
expérience de l’ordre social par sa catharsis en quelque sorte. Ce
rapprochement du jeu et du social, déjà initié par Erving Goffman dans </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2008/12/les-rites-dinteraction.html">Les rites d’interaction</a></i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> et </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/07/les-cadres-de-lexperience.html">Les cadres de l’expérience</a></i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">, est si
profond que l’auteur file la métaphore par deux fois.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">La première, à la manière de <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/10/jeu-et-realite.html">Donald Winnicott</a>, en parlant du jeu comme d'un espace transitionnel entre l’intérieur et l’extérieur d’un espace, que l’auteur invite ses étudiant
à explorer : « <i>Il y a souvent
un ‘‘jeu’’ entre les deux espaces. Essayant de le dessiner, vous allez porter
votre regard jusque-là. Et la question des pourtours va vous apparaître comme
une question qui mérite d’être posée.</i> » (p. 141). Aussitôt c’est le
problème des frontières, et de la compréhension que leur existence pose,
correspondance dont l’auteur semble s’affranchir aussitôt : « <i>Négociez votre statut avec les autres,
forcez-vous à entrer dedans, à jouer le jeu, à ne pas piéger les membres
‘‘naturels’’ du lieu. C’est à la fois un problème méthodologique et un problème
déontologique. On ne joue pas avec les gens. Point</i>. » (p. 149-150). Si
pour Yves Winkin, la sociologie c’est l’étude de « comment on est
membre » de la société, si le jeu suppose une interaction, il suppose
surtout une ambivalence, une double appartenance à des univers contradictoires,
qui est incompatible avec l’observation participante.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">C’est sans doute là l’aspect le plus
contestable de sa thèse : en quoi l’observation participante ne devrait
pas être un jeu, puisqu’il n’est pas possible de participer et d’être
simultanément son propre observateur, témoignant de ce second aspect lorsqu’il
raconte ses déboires à Casablanca : « <i>Je me vois alors, comme dédoublé, en train de l’écouter, de lui poser
des questions.</i> » (p. 211) Or la mise en cause de la méthode même de
l’observation participante pose en creux l’antagonisme ludique de cette
technique : « <i>Pour
Favret-Saada, l’affect bloque l’écriture (‘‘Dans le moment où on est le plus
affecté, on ne peut pas rapporter l’expérience ; dans le moment où on la
rapporte on ne peut pas la comprendre’’) Pour moi, l’écriture a permis à la
fois de conjurer l’expérience et d’en amorcer la compréhension et l’analyse.</i> »
(p. 163). De même, en recourant au concept Goffmanien d’euphorie/dysphorie,
suivant que les interactants sont à l’aise ou mal à l’aise, Yves Winkin semble
passer à côté de l’interaction ludique auquel pourtant la notion d’enchantement
semble aller comme un gant : « <i>On
pourrait suggérer que si l’euphorie est relative à l’interaction, et limité
comme celle-ci dans le temps et dans l’espace, l’enchantement se rapporterait à
des lieux et des paysages créés dans l’intention d’induire chez ceux qui les
fréquentent un état de permanence euphorique.</i> » (p. 215-216). Que l’on
remplace lieux par espace et l’on retrouve l’espace potentiel de <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/10/jeu-et-realite.html">Donald Winnicot</a>t.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Or le jeu peut être une réponse
satisfaisante à la problématique méthodologique qui implique une distance entre
le sociologue et son terrain. Parce que précisément le jeu implique une
attitude d’acteur et de spectateur, autrement dit de participant et
d’observateur, puisqu’il est à la fois compris dans notre esprit et nous sommes
compris en lui, il est à la fois un terrain et une méthodologie idéale : « <i>Je veux que vous utilisiez des lieux
simples, ordinaires, parce qu’ils vont se révéler à l’analyse terriblement
complexes. (…) tout ce que vous voulez pourvu qu’il s’agisse de lieux aisément
accessibles, pourvu que vous puissiez y revenir à l’aise aussi souvent que vous
le désirez.</i> » (p. 140). Or quel lieu est plus facile d’accès que nos
pensées et notre imaginaire. La méthode est en outre idéale car il s’agit de
l’attitude même que nous avons chacun au cours d’une expérience quelconque afin
de nous approprier celle-ci : « <i>Le
premier extrait montre bien comment les cadres d’une expérience nouvelle sont
souvent empruntés à une expérience ancienne : je fais appel à ses
souvenirs d’autres randonnées pour tenter de cerner ce qui m’arrive et ‘‘faire
monter’’ l’enchantement grâce à l’activation de souvenirs de plaisirs
antérieurs. C’est en cela qu’il y a une participation active des touristes à la
construction de l’enchantement.</i> » (p. 220).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Un essai stimulant qui applique de façon
simple et pratique la pensée d’Erving Goffman au travers d’exemples limpides.
Et si le jeu n’apparaît pas faire partie des préoccupations de l’auteur, il se
dessine en creux dans l’approche participante proposée.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">Anthropologie de la communication : de
la théorie au terrain [1996] d’Yves Winkin, Seuil 2001, 321 pages, 7.60 €. </span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-734553103156773942013-03-09T12:06:00.000-08:002013-04-21T03:07:05.648-07:00La lecture comme jeu<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRgnnak-6PJ7QARkKksxlaij-RuoPJ-ClcnFAcuTQx8PaU6Yg5ZH19m-9hEIr-wYa30GD8JaKk5tktcm1ycghQ9Lof7rrUIuRktKm8JvVm6jWfyUJbhyphenhyphen-q7BO-QZD7ujqXfyiFtjV1b9JW/s1600/La+lecture+comme+jeu.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjRgnnak-6PJ7QARkKksxlaij-RuoPJ-ClcnFAcuTQx8PaU6Yg5ZH19m-9hEIr-wYa30GD8JaKk5tktcm1ycghQ9Lof7rrUIuRktKm8JvVm6jWfyUJbhyphenhyphen-q7BO-QZD7ujqXfyiFtjV1b9JW/s320/La+lecture+comme+jeu.jpg" width="198" /></a></div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">La lecture, un jeu ?
On imagine au vu d’une telle déclaration que le jeu littéraire existe dans une
intertextualité entre les motifs romanesques délibérés et les représentations
archétypales et inconscientes du lecteur, dans la connivence entre l’écrivain
et son public, dans le <i>jeu </i>du chat et
de la souris entre les pièges de l’affect et le dénouement imaginé par
l’auteur, dans le <i>jeu</i>, autrement dit,
dans cette marge de liberté entre le texte et son interprétation. Par exemple
l’étranger, en dépit d’un titre au premier degré qui suggère un métropolitain en
Algérie étranger à ses sentiments, est sans doute aussi l’histoire d’un homme
pur, tout à ses sensations et qui s’abstient de juger son prochain, que
l’humanité condamne à mourir pour lui rappeler sa propre étrangeté et pour que
« tout soit accomplit ». Le lecteur, ainsi piégé, finit donc par
devenir peu à peu ce héros fictionnel auquel la réalité brutale ne laisse
aucune chance : la mort de Meursault signifiant la fin du livre et la
victoire de la norme et de la banalité sur l’imaginaire.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Mais il n’en est rien ou
presque. Pour Michel Picard, la lecture est jeu surtout parce que c’est une
activité, que le livre établit avec son lecteur une aire transitionnelle, et
que le lecteur est finalement l’acteur de son « auto-hypnose » en ce
que « <i>Cet isolement, ce repli
narcissique qui, dans la lecture, correspondent un peu au secret du jeu de
l’enfant, signalent assez qu’il s’agit d’une activité ludique historiquement récente,
fortement liée à l’individuation dans la société bourgeoise. Ils permettent
peut-être de comprendre, outre la suspicion morale (à l’encontre du fameux
« vice impuni »), l’étonnant oubli de la lecture comme jeu. </i>» (p. 46). Finalement si la lecture est un jeu,
c’est parce qu’elle partage avec lui une caractéristique honteuse et
masturbatoire. Nous avons là le malentendu sur lequel va reposer tout
l’ouvrage : l’auteur semble confondre plaisir et jeu. Au point de
conclure : « <i>Mais, plus encore
que la fameuse substitution de l’audiovisuel à l’imprimé, qui d’ailleurs
entretient avec elle des relations complexes, c’est bien cette destruction là,
cette déludification, qui entraînera probablement un jour, parmi d’autres
catastrophes culturelles incommensurables, la disparition progressive d’un
exceptionnel instrument de lutte contre les souffrances, l’angoisse et la
mort : la littérature – c'est-à-dire la littérature comme jeu.</i> »
(p. 312)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Ce genre de préjugé
méprisant est représentatif de la ligne directrice de l’ouvrage :
l’audiovisuel n’est pas une activité car il abrutit le spectateur alors que la
lecture suscite l’imaginaire, la lecture, ce noble art, va disparaître devant
la bêtise du plus grand nombre et la société en sera bouleversée, le vrai jeu
est en fait tout entier contenu dans la littérature. A titre d’argument Michel
Picard assène plusieurs commentaires composés du genre le plus indigeste qui
soit (<i>La maison de Claudine</i>, <i>Les
trois mousquetaires</i>, <i>Madame
Bovary</i>…) et dont on ne voit pas, si toute lecture est jeu, en quoi, en tant
que simples exemples, ces commentaires prouvent quoi que ce soit. Que l’auteur
vienne à commenter le seul motif ludique de tout son essai, et c’est pour
montrer son incompréhension du jeu : « <i>‘‘Cosette considérait la poupée merveilleuse avec une sorte de terreur
(…). Il lui semblait que , si elle touchait à cette poupée, le tonnerre en
sortirait (…). Cosette posa Catherine sur une chaise, puis s’assit à terre
devant elle, et demeura immobile, sans dire un mot, dans l’attitude de la
contemplation. _ Joue donc, Cosette, dit l’étranger. _ Oh ! je joue,
répondit l’enfant.’’ Eh bien, non, Cosettes passives, Petit(es) Chose(s) en
face d’une chose, prises dans une relation spéculaire réifiée (…), ces pauvres
cosettes-là ne jouent pas.</i> » (p. 52-53). Au-delà de
l’« auto-hypnose » chère à l’auteur, Cosette utilise pourtant à sa
façon la poupée pour un usage qui lui est propre et qui dépasse la fonction
première d’une poupée : elle est donc en train de jouer, quoi qu’en pense
« l’étranger », Victor Hugo prenant soin de nous mettre dans la
confidence de ce que ressent Cosette.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Un essai fastidieux qui se
montre trop souvent sourd à son objet, sauf quand, dans une fulgurance (même si
c’est anecdotique), l’auteur évoque une possible ludologie, ce qui est pour le
moins novateur en 1986 : « <i>Dans
la mesure où il n’existe encore aucune véritable science du jeu, où le jeu
prend en écharpe toutes ces spécialités, où surtout il est possible de lui
assigner un objet rigoureusement spécifique, il semble tout à fait légitime sur
le plan épistémologique de situer l’étude de la lecture littéraire dans le
cadre d’une future </i>ludologie générale. » (p. 309)<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">La
lecture comme un jeu</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"> de Michel Picard, Les éditions de Minuit,
1986, 320 pages, 28.40 €.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-76556616295585961832013-02-28T19:31:00.000-08:002013-11-10T10:40:41.648-08:00Introduction aux sciences de l’information<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8bffU88juorPv4BX_cYdPyKYJJxGmwHslqWWCEOW8B5DExfraMjW8SnZ8vZbQnh20gKQNkBMfBIklI24WZMkYdrM6EegAgdrxi2GPAneWLpgSCoKFY84nAm26-4Suf5dlFZf1HqOfe27z/s1600/Introduction+aux+sciences+de+l'information.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8bffU88juorPv4BX_cYdPyKYJJxGmwHslqWWCEOW8B5DExfraMjW8SnZ8vZbQnh20gKQNkBMfBIklI24WZMkYdrM6EegAgdrxi2GPAneWLpgSCoKFY84nAm26-4Suf5dlFZf1HqOfe27z/s320/Introduction+aux+sciences+de+l'information.jpg" width="197" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">En sciences de l’information et de la
communication il semble qu’universitaires et bibliothécaires se soient répartis
le travail : aux premier la communication, aux seconds l’information.
Pourtant c’est toujours à l‘information comme documentation qu’il est fait
allusion, comme si la société de l’information n’existait pas. Bien que les
ces deux spécialités s’accordent sur l’importance du sens, aucune ne veut
céder l’empire du sens à l’autre : l’information est connaissance et la communication
ce qui relie les connaissances. Un </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">no man’s
land</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> semble délimiter le territoire de chacun, si bien qu’il n’est surtout
pas fait état dans cet essai des fondements disciplinaires de l’information (« </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Nous utiliserons dans ce livre le mot ‘‘information’’
comme terme générique pour couvrir les données, l’information et les
connaissances.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » [p. 8]) et que celle-ci est traitée exclusivement d’un
point de vue documentaire, comme en témoigne le plan de l’ouvrage qui
évite soigneusement toute approche épistémologique ou conceptuelle. L'’étude
évoque la transmission des informations avant même de détailler la discipline :
les professions et les institutions, le traitement du document (mais pas le
document lui-même), la recherche d’information (donc pas l’information), les
pratiques des utilisateurs (plutôt que les usagers eux-mêmes), et enfin la
gestion stratégique de l’information (donc pas plus les stratégies que la
société de l’information).</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Bien que les auteurs revendiquent une
approche pratique, la rareté des ouvrages dédiés exclusivement aux sciences de
l’information faisait espérer une volonté de dépasser le simple traité de documentation. Comprendre ce qui fait qu’un document est déclaré porteur d’informations, une typologie
des documents (nous n’avons droit en introduction qu’à cette sentence intéressante
mais lapidaire : « <i>Les trois
dimensions constitutives d’un document : la forme (ou le signe), le contenu
(ou le texte), le médium (ou la relation).</i> » [p. 8]), l’articulation
entre production, indexation, diffusion, conservation et usage, ou plus simplement
ce que sont les sciences de l’information (c’est tout de même l’ambition
du titre), aurait été le minimum syndical. Mais l’essai,
pourtant collectif, n’a même pas de conclusion, c’est peu dire la confusion qui
règne dans l’esprit de ses auteurs. La schématisation du plan nombriliste de l’ouvrage
est éloquente : transmission, analyse, recherche, usage puis politique, ce
qui montre que les bibliothécaires s’intéressent d’abord à eux-mêmes, puis aux
usagers et enfin seulement à la société qui donne un sens à leur mission. En
documentation, force est de constater que l’usage n’est sans doute qu’une
variable d’ajustement qui sert à justifier après coup le travail documentaire. La
question salutaire de l’utilité des institutions de « lecture publique »
à l’heure d’Internet n’est pas posée, probablement un sujet tabou. Le lecteur n’a
droit qu’à la condamnation de Google (qui pourtant seul a su faire
d’un service coûteux une ressource) et à un jugement condescendant sur la
jeunesse qui fait confiance à la Wikipedia. En tout cas cette nécessaire attitude critique
vis-à-vis de l’information, que prônent les auteurs de l’ouvrage, n'est pas appliquée à leur profession, à fortiori à
eux-mêmes.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">On aurait espéré pouvoir saisir comment un
livre, support fondateur et éponyme de la bibliothèque, est devenu un document
et comment sa dématérialisation conduit à repenser l’information qu’il
contient, de façon à comprendre le processus qui fait qu’un document naît, vit
et meurt, afin de pouvoir l’appliquer à un document encore largement en devenir
comme le jeu, mais malheureusement cet essai, pourtant de 2009, est à mille
lieux de dépasser les perspectives que se posaient les bibliothèques dans les
années 90, au début de leur informatisation. Ainsi on a droit à un long
chapitre sur les types d’indexations et leurs défauts, alors que la
consultation distante plain texte a déjà, dans les faits, rendu caduques les
bases fermées des bibliothèques. Sans doute que la profession ne se posera ces
questions essentielles que longtemps après avoir disparue, voire que ce seront
les archéologues (paléontologues ?) du prochain siècle qui feront ce constat. Je crois que la
seule information que j’ai réussi à extraire de cette « introduction »
concerne la classification à facette de Ranganathan : « <i>Selon Ranganathan, cinq facettes sont
nécessaires et suffisantes à l’analyse et à la représentation de tout sujet :
la personnalité (P) ou l’essence du sujet (p. ex. ‘‘barres’’ dans Moulage de
barres d’acier) ; la matière (M) (p. ex., ‘‘Acier’’ dans Moulage de barres
d’acier) ; l’énergie (E) ou l’action décrite (p. ex. ‘‘Moulage’’ dans Moulage
de barres d’acier ; l’espace (S) et le temps (T).</i> » (p. 75).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Une étude qui marche sur la tête, sans
vision globale et dont la portée est parfaitement définie par sa conclusion inexistante.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;">Introduction aux sciences de l’information</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;"> [2009] sous la direction
de Jean-Michel Salaün et Clément Arsenault, La découverte 2010, 235 pages, 17
€.</span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-62057772917630544332013-02-19T08:59:00.000-08:002013-09-29T00:11:22.626-07:00Encyclopédie des symboles<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAYwkjy3kBF-L9aoorvnp5deYDSWDFym8c73ppfpgmbAY-atiS2SPz1Pla99RpsTS9TUP7sUEtjBmiSqNi9z5baBzwVdGTcs_d0ET7FeR8gTduxqjMeAS7db5MeidAMptuvOcj0JDg51cD/s1600/Encyclop%C3%A9die+des+symboles.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAYwkjy3kBF-L9aoorvnp5deYDSWDFym8c73ppfpgmbAY-atiS2SPz1Pla99RpsTS9TUP7sUEtjBmiSqNi9z5baBzwVdGTcs_d0ET7FeR8gTduxqjMeAS7db5MeidAMptuvOcj0JDg51cD/s320/Encyclop%C3%A9die+des+symboles.jpg" width="204" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Plus récent que le </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2013/01/dictionnaire-des-symboles.html">Dictionnaire des symboles</a></i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> chez Bouquins, ce volume est le reflet de
la position de la Pochothèque face à son concurrent : courir derrière par tous
les moyens. L’ouvrage n’est pas original puisqu’il est d’une traduction d’un
ouvrage allemand paru sept ans plus tôt, édité avec l’iconographie de la
traduction italienne et, paraît-il, quelques compléments franco-français. Malgré son
épaisseur conséquente et ses illustrations, cette encyclopédie compte 250 pages
de moins que son homologue chez Robert Laffont. La qualité des notices n’a rien
à voir, et s’il s’agit d’une synthèse honnête sa seule originalité est
d’apporter un point de vue plus germanique à un ouvrage très consensuel, la
notice sur le jeu commençant symptomatiquement par une pseudo définition
largement inspirée de l’ouvrage de référence de <a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2007/09/homo-ludens-essai-sur-la-fonction.html">Johann Huizinga</a>, non cité, et
posée comme la vérité sur le jeu : « </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Les jeux sont des activités désintéressées, volontaires, qui se
déroulent selon certaines règles et qui recèlent en elles des significations
symboliques généralement oubliées.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 335).</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">La notice présente ensuite les travers des
ouvrages ésotériques en présentant des correspondances systématiques : la
marelle est le labyrinthe du minotaure, l’enfer et le paradis, le zodiaque…
L’énumération de jeux et symboles ne saurait pourtant compenser l’absence de
pensée pertinente sur le jeu. S’ensuit alors une suite d’analogies sur le jeu
chez Héraclite, puis par le hasard et la nécessité dans la science avec les
probabilités et la mécanique quantique. Où se trouve le symbolisme dans tous ces
exemples ? Et c’est là le principal reproche : le symbolisme n’est
pas l’occasion
d’écrire tout au sujet de n’importe quoi (à moins que ce ne soit l’inverse),
mais bien l’expression de la valeur implicite des choses (comme le souligne le
sous-titre du <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2013/01/dictionnaire-des-symboles.html">Dictionnaire des symboles</a></i>)
: mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres qui nous
permettent d’approfondir un concept au-delà de ce qu’il dit explicitement de
lui, et dont notre compréhension s’imprègne à son insu : l’imaginaire
collectif, somme de la culture reçue en héritage et produite par les
générations qui nous ont précédés.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Dans ce patchwork culturel, seule la
citation de Krishna à Arjuna est digne d’intérêt, même s’il on regrette
d’autant plus qu’elle ne soit pas commentée : « <i>Entre tout ce qui trompe, je suis le jeu de dés.</i> » (p. 336). En
effet, ce jeu de dés peut prendre n’importe quelle forme, n’étant qu’un
instrument du hasard, or l’incertitude n’existe que dans les yeux du joueur ;
le hasard n’est que le reflet de ses désirs, le résultat réel étant fictif et
n’étant en soit que celui d’un cube de bois qu’on dote d’une symbolique à la
hauteur des aspirations humaines. La multiplication des exemples :
dualité, plaisir, compétition, sexualité, mythe…, sans fil conducteur aucun, ne
fait malheureusement que faire apparaître en creux, ce que l’article jeu aurait
dû être.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Un dictionnaire sensiblement inférieur à celui de Bouquins, mais qui en constitue un complément honnête par la
matière, certes déstructurée, qui le compose.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-bidi-theme-font: minor-bidi; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US; mso-fareast-theme-font: minor-latin;"><i>Encyclopédie des symboles</i>
(1989) éditée par Michel Cazenave, Librairie générale française 1996, 818 pages
(p. 335-339), 23 €.</span>Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-17336931077031588732013-02-09T11:52:00.000-08:002013-04-21T02:54:31.490-07:00Traité de la banalité<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_zQ_6cr_w4-HibtufFPlTcU1YQK1K7TL-qY4bVM50xCwj1s0tDVFXC58D_hHBFkcn5W2AdXVfwyldJl_RonX_WGmTdgf6tN7Nc_l8omEzJxMORq68Deek6Cu3s3gQyWWoYtPgTwuRLP0l/s1600/Trait%C3%A9+de+la+banalit%C3%A9.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_zQ_6cr_w4-HibtufFPlTcU1YQK1K7TL-qY4bVM50xCwj1s0tDVFXC58D_hHBFkcn5W2AdXVfwyldJl_RonX_WGmTdgf6tN7Nc_l8omEzJxMORq68Deek6Cu3s3gQyWWoYtPgTwuRLP0l/s320/Trait%C3%A9+de+la+banalit%C3%A9.jpg" width="213" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;">Nicolas Grimaldi, ancien professeur de philosophie à la Sorbonne,
écrit avec cet essai une sorte d’anti-<i>Traité de la méthode</i>, pénétré sans doute
en creux par la méthodologie du philosophe cartésien : il ne s’agit pour lui de
moins de trouver un point fixe pour la pensée mais l’origine même du
questionnement philosophique dont toutes les autres questions
découleraient : « <i>Identifiable
à l’expérience de la subjectivité, ce monde primordial n’a rien de semblable au
système d’opérations et de représentations qu’en construisent les sciences.
Parce qu’il est au contraire donné d’emblée à la conscience, la compréhension
qu’elle en a spontanément précède et fonde celle de toute autre réalité. Aussi
est-ce à ce vécu primitif que toutes les expériences ultérieures se rapportent
comme à leur fondement. Il est ce savoir implicite à partir duquel tout autre
savoir se déploie. Parce que toute autre connaissance le présuppose et qu’il
est donc toujours là sans que nous y pensions en tout ce que nous pensons, il
est pour nous la banalité même.</i> » (p. 7) La banalité est donc
invisible par sa banalité même, la philosophie doit donc s’en emparer pour
analyser en quoi elle nous conditionne.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%; text-indent: 1cm;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%; text-indent: 1cm;">Egalement spécialiste de Socrate, Nicolas Grimaldi glisse d’un
thème à l’autre, non sans rappeler la maïeutique chère au penseur grec :
« </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%; text-indent: 1cm;">Parce que tout rapport à l’avenir
suppose une expérience de l’attente, et parce que toute attente présuppose
l’imagination de ce que nous attendons, j’ai cru ne pouvoir séparer
l’imaginaire de la banalité de l’existence. C’est à l’imaginaire que se
réfèrent en effet non seulement notre expérience du désir, de la crainte et de
l’espérance, mais encore celle de la défiance, du soupçon, et principalement du
jeu. Or le jeu consiste à vivre comme si ambigus les rapports du réel et de
l’irréel qu’il est même capable de les inverser. Car on ne peut jouer sans se
prendre au jeu, ni se prendre au jeu sans feindre que ce ne soit pas un jeu.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%; text-indent: 1cm;"> »
(p. 8). En effet, il ne peut y avoir de vie sans son contraire, la mort, seul
le temps nous séparant d’elle. La vie nous livre ainsi à l’incertitude et donc
à l’attente dans l’angoisse de sa fin, le besoin de lui échapper nous poussant
à gagner les contrer de l’imagination, où la mort n’existe pas, afin de nous
projeter dans l’avenir pour nous prévenir d’elle. Cette conscience de notre fin
prochaine associée à celle d’un monde extérieur, indépendant de notre
existence, car constitué de plus de morts que de vivants, selon la formule
d’Auguste Comte, nous permet de penser l’au-delà : le passé, le futur et
l’imaginaire. L’homme est ainsi un joueur qui tour à tour se prend au jeu,
s’activant de son mieux, puis qui regarde le monde poursuivre sa course avec
détachement. Il est surtout joueur par le simple fait de pouvoir inventer son
avenir, explorant les possibles pour prévenir l’irrémédiable : la fusion
de l’imaginaire dans le souvenir, autrement dit du futur dans le passé à
travers la seule expérience possible : celle du présent qui force à
choisir, faisant de nous les seuls responsables de notre existence.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;">La démarche intellectuelle de Nicolas Grimaldi, portée par une
écriture limpide et élégante, n’est pas sans rappeler l’approche
analogie/homologie proposée dans Gregory Bateson dans <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/03/une-theorie-des-jeux-et-du-fantasme.html">Comment penser sur un matériel Ethnologique</a></i>. L’auteur évolue si
naturellement d’un thème à l’autre que sa pensée semble glisser sur les choses,
ce qui en définitive pourrait être une bonne définition de la banalité :
tout ce qui ne saurait retenir notre attention. Ce faisant il s’attaque pourtant
au détour de sa réflexion aux principaux sujets humains que la banalité semble
cristalliser : la perception, le mal, le travail, l’art, la passion, la
servitude, etc. : « <i>Si banales
sont les expériences que nous avons tenté d’élucider ici que l’unique
justification de notre entreprise serait que le lecteur se surprît parfois d’y
reconnaître sa propre pensée, comme si nous n’avions fait que lui tendre un
miroir où réfléchir son existence.</i> » (p. 9) Et c’est sans doute là le
miracle de cet essai que d’avoir, par la méthode déductive, déroulé la
métaphysique comme une pelote, depuis le fil ténu de l’anodin qui effleure à
peine, jusqu’au centre, dévoilant les questions essentielles. Après <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/09/les-jeux-des-anciens.html">Les jeux des anciens</a></i> de Louis Becq de
Fouquières au XIXe siècle (1831) et <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2009/01/le-jeu-projet-structure-hasard-liberte.html">Le jeu-projet</a></i> de François Pingaud à l’extrême fin du XXe siècle (1999), le <i>Traité de la banalité</i> de Nicolas
Grimaldi est l’un de ces très rares ouvrages qui mettent le jeu à nu et ouvrent
la voie à une science du jeu : la ludologie. Un maître livre.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify; text-indent: 1.0cm;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Traité
de la banalité</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"> de Nicolas Grimaldi, Presses
universitaires de France 2005, 295 pages, 22,50 €.</span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%;"> </span></div>Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-69379315674711090822013-01-29T12:31:00.000-08:002013-10-20T03:35:58.497-07:00 Edgar Morin, aux risques d’une pensée libre<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJFFdGOyIcEUyT9KKJVV_TnY8rW1fo0EX3-E3wIzFvMBM2X1hz3RrE-9i-Y3hVx03fq-P0trVb3MZJzUlw-NwHhDDYKh2hBYZ5azIQkGmoedIzfIx0nkEV-ilAie4yjxF_rU1otuDc4PQb/s1600/Edgar+Morin+aux+risques+d'une+pens%C3%A9e+libre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJFFdGOyIcEUyT9KKJVV_TnY8rW1fo0EX3-E3wIzFvMBM2X1hz3RrE-9i-Y3hVx03fq-P0trVb3MZJzUlw-NwHhDDYKh2hBYZ5azIQkGmoedIzfIx0nkEV-ilAie4yjxF_rU1otuDc4PQb/s320/Edgar+Morin+aux+risques+d'une+pens%C3%A9e+libre.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">L’idée de faire un bilan de l’apport
d’Edgar Morin — pour ses quatre-vingt-dix ans pendant lesquels il a produit plus d’une centaine d’ouvrages et articles </span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">—</span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> aux sciences humaines et plus
particulièrement aux sciences de la communication, aux sciences politiques et
aux sciences cognitives, est souhaitable et pertinent. En revanche, le
lecteur était en droit d’attendre moins d’interviews, d’éléments
bibliographiques, </span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">de panégyriques, </span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">de soi-disant éclairages biographiques, de
rappels de l’importance historique de ses travaux, toutes choses dont le lecteur
susceptible d’acquérir l’ouvrage, à la fois connaisseur de l’œuvre et avide de
décryptage, n’a aucun besoin mais bien d’une qualification des conséquences
des théories d'Edgar Morin sur les sciences précitées et leur enseignement
actuel. Or de cela il n'est pratiquement pas question, au point qu’on reste dubitatif
du manque d’intelligence entre ses continuateurs et la pensée d’Edgar Morin, et
qu’on s'inquiète légitimement de ce que les coordinateurs de l’ouvrage et
rédacteurs de la quatrième de couverture, qui affirme le contraire, aient bien
lu les participations que celui-ci renferme, voire si la révolution Edgar Morin
a bien eu lieu.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Si chacun se targue haut et fort de l’effet
qu’a eu la lecture / rencontre / enseignement / collaboration avec Edgar Morin, la
conséquence concrète de la pensée complexe sur les contributions est proche de
zéro. Je n’ai dénombré que trois contributions qui prennent le risque de résumer
sa pensée et d’en tirer des conséquences sur leur étude, dont deux n’émanent même
pas de chercheurs ! A croire que plus on parle de la pensée complexe moins
on s’en sert. Or le plus consternant est que cet ouvrage à forte connotation
hagiographique, malgré la dénégation de ses auteurs, sera le meilleur argument
pour les détracteurs de la pensée d’Edgar Morin : une <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2011/11/introduction-la-pensee-complexe.html">Méthode</a></i> en 6
volumes, près de 50 articles dans ce numéro sur le sujet et rien ou presque de
concret à tirer d’elle. La montagne a accouché d’une souris. Chacun loue le
génie de la <i>Méthode </i>et de son auteur, mais personne ou presque ne s’en sert, ni
ne fait tout au moins ce constat, qui aurait pu fonder les prémisses d’une
approche critique. En résumé, il semble qu’il soit de bon ton de se réclamer
d’Edgar Morin et donc d’apparaître comme un penseur complexe, ne serait-ce que
pour fustiger ses contradicteurs comme des penseurs de la simplification : à
défaut de savoir de quoi il en retourne, c’est plutôt commode.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Fort heureusement trois articles échappent
à ce naufrage et, comme par hasard tout trois interrogent l’ambivalence même du
terme de communication qui est utilisé par les chercheurs comme un échange
alors que dans les médias celle-ci est le plus souvent unilatérale. Laura
Maxim, s’interrogeant sur la façon dont les industries chimiques tentent de
communiquer une image positive, constate : « <i>L’approche sélective ‘‘positivante’’ n’était vouée à l’échec, justement
par le fait qu’elle ignore cette dualité, positif-négatif, de l’opinion du
récepteur ? Tronçonner le sujet qui l’intéresse pour ne le traiter que partiellement,
n’est-ce pas une stratégie qui peut finalement engendrer encore plus de
méfiance ?</i> » (p. 259-260). Dans le second, pour Pierre Zémor,
Conseiller d’Etat, les trois principes au fondement de <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2012/06/la-methode-3-la-connaissance-de-la.html">La Méthode</a></i> constituent en même temps les fondements de
la communication : « <i>Le
principe dialogique propose de ne pas exclure, dans une discussion, le point de
vue opposé et même de le garder à l’esprit. (…) Autre principe, celui ‘‘hologrammatique’’
de la réciprocité des emboîtements du tout et des éléments vient utilement
rappeler qu’un communiquant public doit
dire l’insertion d’une décision dans une
politique publique et son influence en retour. Le principe de récursion organisationnelle met en évidence les liens de production entre
une action ou l’émission d’un message et leurs effets, qui à leur tour sont à
l’œuvre, s’autonomisent et viennent
alimenter les sources.</i> » (p. 215). <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Enfin, l’article le plus en adéquation avec <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2012/05/la-methode-4-les-idees-leur-habitat.html">La Méthode</a></i> émane logiquement d’un institut des systèmes complexes qui seul
tente de poser l’implication méthodologique du paradigme posé par Edgar
Morin : « <i>Nous appellerons ‘‘complexe’’ une approche qui vise à
comprendre comment la dynamique d’interaction entre des entités micro parvient
à créer une unité à un autre niveau d’observation macro.</i> » (p. 146).
« <i>Cette définition de l’‘‘approche
complexe’’ offre plusieurs avantages, dont celui de ne pas associer la
complexité à l’objet, mais au regard d’un observateur sur cet objet, outre sa
capacité de compréhension. (…) Il peut s’agir d’étudier un système précis à
l’intérieur d’une discipline (physique : émergence du caractère fragile ou
ductile d’un métal en fonction de sa structure) ou au croisement de plusieurs
disciplines (collaboration entre médecins et mathématiciens sur un modèle multi-agents
de la leucémie) ; il peut s’agir d’études théoriques transversales sur les
caractéristiques génériques de certaines classes de systèmes (étude du nombre
d’états stables dans un réseau d’interactions en fonction de la taille du
réseau) ; il peut s’agir d’un travail réflexif dans lequel les ‘‘sciences
de la complexité’’ questionnent leurs fondements et leurs méthodologies (en
quoi une approche générique renseigne-telle sur un système
spécifique ? L’unité macroscopique
est-elle objective ou subjective ?). Ainsi définie, une ‘‘science de la
complexité’’ peut prétendre à une certaine indépendance tout en interagissant
avec l’ensemble des disciplines scientifiques.</i> » (p. 147).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">C'est peu, d'autant que toutes ces assertions auraient trouvé dans
le jeu, à fortiori la ludologie, une résonance particulière à ces
questionnements de méthode et de terrain. Malheureusement, si Morin a toujours
regardé le domaine ludique avec bienveillance, il ne l’a jamais embrassé en
tant qu’illustration de sa <i>Méthode</i>, il serait donc un peu audacieux d’en
attendre davantage de ses continuateurs. Un ouvrage qui fait réfléchir, mais
paradoxalement <a href="http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=823554105115851289" name="_GoBack"></a>moins sur la pensée complexe que sur ses
aboutissements.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Edgar
Morin, aux risques d’une pensée libre </span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">numéro coordonné par Alfredo Pena Vega et
Stéphanie Proutheau,<i> </i>2010, Hermès
n°60, 313 pages, 25 €.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-29747561523401661902013-01-19T08:54:00.000-08:002013-09-28T23:56:38.971-07:00Dictionnaire des symboles<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-9o3VBv50C_V_UgzlDZjbkD4TNJIQDFK9zMO5OP0uSgzSlp_6RY4-PBnlDxOW2D30puhD0VPjafLfWODQCx8i3xonoW1zyuqC9m5MUteodAyj2rzvAeVN3gm91fOkigIAteUasvCLdeId/s1600/Dictionnaire+des+symboles.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-9o3VBv50C_V_UgzlDZjbkD4TNJIQDFK9zMO5OP0uSgzSlp_6RY4-PBnlDxOW2D30puhD0VPjafLfWODQCx8i3xonoW1zyuqC9m5MUteodAyj2rzvAeVN3gm91fOkigIAteUasvCLdeId/s320/Dictionnaire+des+symboles.jpg" width="217" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Ouvrage original paru en 1969, le
dictionnaire des symboles a acquis depuis ses lettres de noblesse, les notices
étant particulièrement complètes et bien rédigées, et ouvrant sur plusieurs
références bibliographiques. Je ne détaillerai ici que la notice </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Jeu</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">, mais ce dictionnaire est sans doute
avec </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">Le trésor de la langue française</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">
et l’<i>Atlas sémantique</i>, l’un ouvrages à avoir toujours sous la main pour accéder
à l’imaginaire collectif et penser au-delà des lieux communs. Bien sûr, le
revers de la médaille est que ses longues notices favorisent la qualité à la
quantité, et certains concepts ne sont pas référencés.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">L’ouvrage réussit cependant le tour de
force d’être consensuel sans être banal ou superficiel : « <i>Le jeu est fondamentalement un symbole de
lutte, lutte contre la mort (jeux funéraires), contre les éléments (jeux
agraires), contre les forces hostiles (jeux guerriers), contre soi-même (contre
sa peur, sa faiblesse, ses doutes, etc.).</i> » (p. 538). On y trouve
certes aussi les erreurs répétées de tout temps, mais elles sont en cela la
synthèse de la bibliographie sur le sujet : « <i>Les jeux sont à l’origine liés au sacré, comme toutes les activités
humaines, et les plus profanes, les plus spontanés, les plus exempts de toute
finalité consciente dérivent de cette origine.</i> » (p. 538). Il est en
effet bien plus probable que le sacré dérive du jeu, ô sacrilège, que
l’inverse, le jeu précédant chez l’homme la conscience du divin, comme le jeu
animal précède le jeu humain. La notice se poursuit d’ailleurs par la description
du jeu mythique qui précède le jeu religieux : « <i>Le jeu ou </i>cles<i> est en Irlande
la performance à la fois sportive et guerrière don un héros est capable et par
laquelle il surprend, déconcerte ou émerveille ses adversaires. Plus le nombre
de jeux auxquels il se livre est grand et plus il a des chances d’être célèbre.
Cuchulainn pratique ainsi plusieurs dizaines de jeux différents.</i> » (p.
539).<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mais le plus intéressant est sans doute le
rapprochement entre le jeu et le psychodrame de Moreno (ce qui n’est pas sans
rappeler <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2013/01/des-jeux-et-des-hommes.html">Des Jeux et des hommes</a> </i>d’Eric Berne) où le
jeu devient un moyen propre d’expérience, à même de rendre compte de façon plus
transparente des profondeurs de l’âme qu’un quelconque discours : « <i>La plupart des actes de la vie spontanée
échappent à l’observation. Quand un sujet est en consultation, il s’efforce
d’expliquer le passé qu’il décrit ; il ne s’absorbe pas entièrement dans
une situation, vécue ici et maintenant ; sa spontanéité profonde ne
réussit pas à se manifester. Imaginons au contraire qu’il accepte par jeu de
vivre une situation inventée, mais dans laquelle il pourrait se sentir
impliqué. Il ne s’agit pas pour lui de reconstituer une scène passée, car
l’effort de mémoire, la crainte d’une confession implicite ou le refus de trahir pourraient
gêner la libre expression de la spontanéité. Non, il vivra une scène imaginaire
qui pourrait être sa propre histoire,
mais dont il est convenu qu’elle ne l’est pas nécessairement ; il
s’exprime et réagit en toute liberté, sans contrainte ni entrave d’aucun ordre.
(…) On voit monter l’angoisse, se décharger soudain une agressivité longtemps
contenue, éclater des conflits, sourdre des faux-fuyants pour éluder les
problèmes que l’on sent poindre, et le
drame se concentre inexorablement, peu à peu, sur un foyer qui devient
incandescent, qu’on en peut plus fuir ni dissimuler.</i> » (p. 540-541).
Présenté ainsi, le jeu devient méthode de connaissance de soi qui repose moins
sur la somme des actions passées que sur les schémas comportementaux, sur
l’être plutôt que le faire ou l’avoir.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">C’est là un des points forts de ce
dictionnaire qui, tout en réalisant naturellement la synthèse des principales
sources, ne dédaigne pas de s’écarter des sentiers battus pour proposer des
interprétations, sinon des rapprochements stimulants. Un ouvrage à conserver à
portée de main.<o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Dictionnaire
des symboles : mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs,
nombres</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">
de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Robert Laffont 1969, 1060 pages (p.
538-541), 21.50 €.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-8917316138796425942013-01-09T10:23:00.000-08:002013-07-14T03:26:27.138-07:00Des jeux et des hommes<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPmYeCaccziZK6ykPLXQM9R7nSuVxZP-OB_E3VtHwPRSsjEvZxFBa29l8HhP8lR-unrcTNnz5I42q71LHsJdlaYeSkAlNnV8jPj5rQB4_87tcNmg51pXiSyR5sOd8e1U8MDpHaIrFyFrxY/s1600/Des+jeux+et+des+hommes+-+Berne.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgPmYeCaccziZK6ykPLXQM9R7nSuVxZP-OB_E3VtHwPRSsjEvZxFBa29l8HhP8lR-unrcTNnz5I42q71LHsJdlaYeSkAlNnV8jPj5rQB4_87tcNmg51pXiSyR5sOd8e1U8MDpHaIrFyFrxY/s1600/Des+jeux+et+des+hommes+-+Berne.jpg" /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">La traduction française du
titre </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">Games people play</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;">, qui rappelle
volontairement l’<a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2007/10/les-jeux-et-les-hommes-le-masque-et-le.html">ouvrage éponyme de Caillois</a>, fausse d’emblée un peu la donne,
mais ce faisant introduit sans doute une notion qui échappe, ou peut-être sur
laquelle l’auteur commet sciemment une impasse : alors qu’Eric Berne
recourt sans cesse au terme de jeu, voire qu’il fonde le jeu comme obstacle
autant qu’antichambre de l’intimité, plus complexe que l’opération (activité
dont on souhaite tirer un profit), à fortiori que le passe-temps (parler
boulot, faire des réunions entre amis, commenter les résultats sportifs) ou
dans sa version la plus simple, que le
rituel (« bonjour, comment ça va ? »), il ne définit jamais le
jeu psychologique par rapport au jeu traditionnel. Sa vision du jeu a au moins l’avantage
de ne faire aucune distinction, et d’en proposer une vision totalitaire (nous
jouons tous des jeux, et ce malgré nous) et profondément pessimiste :</span><br />
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; text-align: justify;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%; text-align: justify;">« </span><i style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%; text-align: justify;">Un jeu, c’est le déroulement d’une série de
transactions cachées, complémentaires, progressant vers un résultat bien
défini, prévisible. Sur le plan descriptif, il s’agit d’un système récurrent de
transactions, souvent répétitives, superficiellement plausibles, à motivation
cachée ; ou bien, en langage plus familier, d’une série de
« coups » présentant un piège, ou « truc ». Les jeux se
différencient nettement des procédés, rituels et passe-temps par deux
caractéristiques majeures : 1) leurs qualité secrète, et 2) le
« salaire ». Tout jeu, d’autre part est malhonnête à la base, et son
résultat présente un caractère dramatique, _ nous voulons dire : autre que
purement excitant.</i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px; line-height: 115%; text-align: justify;"> » (p. 50)</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Si la définition est
inattaquable, un jeu est bien une activité à double niveau servie par un enjeu
qui la justifie, la terminologie faussement morale est maladroite puisque ces
jeux, qui se font souvent malgré nous, sont le fait de la lutte de notre moi parent
et de notre moi enfant au détriment de notre moi adulte. Il s’agit donc d’une
lutte à double niveau, dont nous ne maîtrisons que la motivation de surface.
L’analyse transactionnelle d’Eric Berne a donc l'intérêt de nous faire prendre
conscience de ce qui se joue malgré nous en nous et par nous. Le caractère
dramatique (qui étymologiquement, telle une stimulation, pousse à l’activité)
nous montre que ce qui dans le jeu relève de l’exploration « purement
excitante » de notre créativité et de notre potentialité, relève dans la réalité, celle de notre existence, plutôt de la duplicité et de la préméditation
(recherche calculée de conséquences préjudiciables). </span><br />
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">« <i>Si quelqu’un demande qu’on le rassure, et,
après l’avoir été, tourne de façon quelconque la chose au détriment du
« rassureur », il s’agit d’un jeu. En surface, donc, un jeu ressemble
à un système d’opérations, mais d’après le « salaire » il devient
apparent que ces « opérations » étaient en réalité des
manœuvres ; non pas d’honnêtes requêtes mais des « coups » dans
le jeu.</i> » (p. 50-51). Ainsi pour Berne, qui se place dans une
perspective sociale puisque transactionnelle, nous nous jouons d’abord des
autres, et en désespoir de cause nous finissons par jouer contre nous-mêmes. La
désactivation de nos jeux reposerait alors sur trois étapes : la
conscience (être au monde), la spontanéité (être soi), l’intimité (être aux
autres).<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Cette réorganisation des
rapports humains arrive pourtant bien tard, et le livre égrène de façon
hétéroclite tous les types de jeux auxquels l’auteur a été confronté, de façon
détaillée ou laconique, sans que jamais Eric Berne ne cherche à construire une
nomenclature de jeux fondamentaux ou hybrides. Seule la conclusion remet un peu
d’ordre, mais la lecture du livre laisse une impression confuse où l’auteur semble
oublier que la plupart des jeux se jouent malgré nous et à nos dépens et que,
tout en rappelant que les personnalités parent et enfant sont nécessaires à
notre équilibre, il ne valorise que l’adulte ; d’autant qu’il donne la
désagréable impression de réduire l’intégralité de nos comportements à des
jeux, ce qui paraît pour le moins malsain et dangereux.<o:p></o:p></span><br />
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;">Un ouvrage néanmoins
fascinant, qui fait penser plus qu’il ne pense, et qui montre que, bien avant
le concept fumeux de <i>gamification</i> et
bien malgré nous, le jeu est partout, pour le meilleur et pour le pire. </span><br />
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><br /></span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px; line-height: 115%;"><i>Des jeux et des hommes</i> d’Eric Berne (1964), Stock 1967,
p. 215, 17 €. <o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-823554105115851289.post-12309506859759476662012-12-29T18:55:00.000-08:002013-07-29T10:07:34.225-07:00Les jouets<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfHXPl3Ez-eDGYN8NR2TMzXsb3w1UMIp9_PcPZ_ehQVSTfRoCwBQ85walv163YDsUpsxvdDxgDR2sdCc9_iGLbBYM7eBynJ7up832ZLTM6UbvX4EfynQQ1eLquWY0Kc_SG0cPfOSNiHd-B/s1600/Mythologies.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfHXPl3Ez-eDGYN8NR2TMzXsb3w1UMIp9_PcPZ_ehQVSTfRoCwBQ85walv163YDsUpsxvdDxgDR2sdCc9_iGLbBYM7eBynJ7up832ZLTM6UbvX4EfynQQ1eLquWY0Kc_SG0cPfOSNiHd-B/s320/Mythologies.jpg" width="194" /></a></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mythologies</span></i><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> rassemble les
croyances et travers des contemporains de Roland Barthes à travers une série d’articles
que l’auteur a fait paraître de 1954 à 1956, le style y est donc alerte et ironique
et ne constitue pas en soi une œuvre de recherche : « <i>Nous voguons sans cesse entre l’objet et sa
démystification, impuissants à rendre sa totalité : car si nous pénétrons l’objet,
nous le libérons mais nous le détruisons ; et si nous lui lissons son poids,
nous le respectons, mais nous le restituons encore mystifié.</i> » (p. 272).
La vision d’un intellectuel sur le jouet et ses mutations pendant les Trente
glorieuses, âge d’or du consumérisme, semble une chance, et l’on retrouve avec
plaisir une thèse, à priori originale, servie par une plume adroite : « <i>Les jouets courants sont essentiellement un
microcosme adulte ; ils sont tous reproduction amoindries d’objets
humains, comme si aux yeux du public l’enfant n’était en somme qu’un homme plus
petit, un homonculus à qui il faut fournir des objets à sa taille.</i> » (p.
63) reformulé plus loin ainsi : « <i>Le
jouet français est comme une tête réduite de Jivaro, où l’on retrouve à la
taille d’une pomme, les rides et les cheveux de l’adulte.</i> » (p. 63-64)</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Le problème est qu’au-delà d’une pensée simplificatrice,
puisque l’auteur s’imagine que l’enfant innocent est corrompu par un adulte sans
scrupule qui lui impose ses préoccupations et sa vision du monde, celle-ci
oublie carrément que le succès d’un jouet est d’abord le fait des enfants. Suit
alors un argumentaire sur le rôle colonialiste et castrateur du jouet moderne :
« <i>On peut par là préparer la petite
fille à la causalité ménagère, la ‘‘conditionner’’ à son futur rôle de mère.
Seulement, devant cet univers d’objets fidèles et compliqués, l’enfant ne peut
se constituer qu’ne propriétaire, en usager,
jamais en créateur ; il n’invente pas le monde il l’utilise :
on lui prépare des gestes sans aventure, sans étonnement et sans joie.</i> »
(p. 64) Le jouet est donc le cheval de Troie des adultes qui va permettre de
leur imposer leur futur rôle malgré eux, d’en faire des futurs propriétaires,
des Philistins derrière lesquels le bourgeois semble même percer, par
opposition à l’artiste créateur qu’ils sont chacun dans l’âme. C’est beau mais
complètement ignorant de l’usage transgressif qui est fait par les enfants, le
Goldorak en plastique pouvant être tour à tour détourné en fusil, en monstre,
voire en pouce à se mettre dans la bouche, comme l’explique bien Gilles
Brougère dans <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2013/06/le-jouet-valeurs-et-paradoxes-dun-petit.html">Le jouet : valeurs et paradoxes d'un petit objet secret</a></i>. L’appropriation
chez les enfants est la marque de leur créativité, les deux termes ne s’opposent
pas. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Le monde est binaire et manichéen, après
les bons (créatifs) et les mauvais usages (appropriation), il y a les bons (les jouets de construction) et
les mauvais jouets (les autres), les bons et les mauvais matériaux : « <i>L’embourgeoisement du jouet ne se reconnaît
pas seulement à ses formes, toutes fonctionnelles, mais aussi à sa substance.
Les jouets courants sont d’une matière ingrate, produits d’une chimie, non d’une
nature. Beaucoup sont maintenant moulés dan des pâtes compliquées ; la
matière y a une apparence à la fois grossière et hygiénique, elle éteint le
plaisir, la douceur, l’humanité du toucher.</i> » (p. 64). Derrière ce
mythe du « bon jouet », simple et naturel comme Vendredi, le paradoxe
n’étouffe pas l’auteur qui condamne dans la même phrase le jouet grossier et
ingrat et l’embourgeoisement. Pourtant si le jouet évolue vers l’industrialisation,
voyant son prix baisser en même temps que son accessibilité augmente, c’est que
précisément le plastique lui permet de s’affranchir des classes bourgeoises
pour s’installer chez les classes populaires. <o:p></o:p></span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Ce regret du jouet de son enfance, Roland
Barthes le transforme en critique des jouets modernes avec ce même rejet de la
complexité et de la gadgétisation dont rendaient compte les témoignages réunis par
Robert Jaulin dans <i><a href="http://ludopathe.blogspot.fr/2008/06/jeux-et-jouets.html">Jeux et jouets : essai d’ethnotechnologie</a></i>, sauf que cette fois la critique sort de la bouche
d’un intellectuel qui ne fait que flatter le goût d’un lectorat acquis d’avance.
On ne peut louer que le jeu s’ouvre aux classes populaires et condamner sa
complexification, qui recouvre des suggestions d’usage, réclamant au contraire moins
d’efforts d’appropriation de la part des enfants afin de s’ouvrir à un public
plus large. Militer en creux d’une part pour l’accès du plus grand nombre à la
culture (sous couvert de fustiger l’embourgeoisement) et déplorer d’autre part que
la culture y subisse au passage une transformation au contact des classes
populaires est antithétique. Une critique simplificatrice, mais en cela éclairante,
sur le désarroi d’une certaine intelligentsia devant l’émergence de la société
de consommation moderne dans l’après-guerre : </span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;">« </span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"><i>Et ce que j'ai cherché en tout ceci ce sont des significations. Est-ce que ce sont mes significations ? Autrement dit, est-ce qu'il y a une mythologie du mythologue ? Sans doute, et le lecteur verra bien lui-même mon pari.</i></span><span style="font-family: Verdana, sans-serif; font-size: 13px;"> » (p. 10). Hélas.</span></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNoSpacing" style="text-align: justify;">
<i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;">Mythologies</span></i><span style="font-family: "Verdana","sans-serif"; font-size: 13.0px;"> [1957] de Roland
Barthes, Seuil 1970, p. 63-65, 6.10 €.<o:p></o:p></span></div>
Don Diegohttp://www.blogger.com/profile/17003440469208432160noreply@blogger.com0