Descartes, dans son Discours de la méthode, écrit que : Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée", mais s'est pour mieux s'en défier puisque le bon sens n'est que l'illusion de la raison, et qu'il est à la portée de tout un chacun, il ne peut donc représenter une méthode acceptable. Jean Chateau n'a visiblement pas lu Descartes et nous livre un essai entièrement sous le sceau du bon sens. De ce fait, il n'éprouve jamais le besoin de justifier ce qu'il affirme, puisque c'est évident : "L'enfant aime la règle ; dans la règle il trouve le plus sûr instrument de son affirmation ; par elle il manifeste la permanence de son être, sa volonté, son autonomie." (p. 89). C'est pratique, ne sachant pas ce que l'auteur entend par "règle", "aime", "affirmation" ou "permanence de l'être" on ne peut le contredire. Il enfile ainsi sur 200 pages les postulats comme les perles.
Pourtant connu et respecté, auteur d'une partie de l'article Jeu dans l'Encyclopaedia Universalis, Jean Chateau n'est que rarement cité par l'épistémologie ludique. On comprend mieux pourquoi à la lecture de ce monologue consensuel digne du café de commerce du coin. Rien n'est absolument faux puisque rien non plus n'y est juste. L'ensemble relève constamment d'un entre-deux tiède et fade. Plus contestable, l'auteur utilise son intime conviction en ce qui concerne sa théorie de "l'appel de l'aîné", démontrée nulle part, pour contester les résultats de Terman produits par une méthode d'enquête (p. 155). On ne sauve guère que quelques rares citations d'auteurs qui apportent les seuls arguments de l'ouvrage, et on n'en retient qu'une chose : l'auteur n'a rien à dire sur le rapport de l'enfant au jeu.
Un ouvrage tout sauf scientifique, qui ne nous apprend rien qu'on ne sache déjà, et qui navigue sans cesse de généralisations abusives en raccourcis simplificateurs, sans jamais atteindre à la synthèse ou à la vulgarisation. Une perte de temps.
L'enfant et le jeu de Jean Chateau, Editions du Scarabée (1954) 1967, 203 pages, épuisé.
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