Friedrich froebel (1782-1852), est un pédagogue allemand qui a initié, sous l'influence de Rousseau et de Schiller, une pédagogie fondée sur le jeu, où l'enfant n'est plus considéré comme un animal à dresser mais, dans une perspective chrétienne, un être bon et innocent dont il faut retrouver la spontanéité qu'il a en lui par essence et fortifier l'inclinaison naturelle contre la perversion de la société. Cependant, dans un ouvrage de près de 400 pages qui ne compte qu'un chapitre de 8 pages sur le jeu (chapitre dont les deux tiers sont consacrés aux contes), la place du jeu dans la pédagogie de Froebel apparaît davantage comme une réinterprétation postérieure de ses écrits. S'il est logique en effet que celui-ci, qui fait la part belle à l'initiative, soit fondé sur le jeu, il est moins évident de le lire chez son auteur.
Il est vrai que l'écriture de l'ouvrage est relativement fumeuse et assez éloignée des critères scientifiques : tout est postulé, rien n'est prouvé, et l'ensemble a vocation programmatique : "L'éducation de l'homme n'est autre chose que la voie ou le moyen qui conduit l'homme, être intelligent, raisonnable et conscient, à exercer, à développer et à manifester l'élément de vie qu'il possède en lui. Elle a pour but d'amener, par la connaissance de cette loi éternelle et des préceptes qu'elle renferme, tout être intelligent, raisonnable et conscient, à connaître sa véritable vocation et à la remplir spontanément et librement." (p. 6) On comprendra donc que le jeu n'est pas, comme on le prétend, l'origine de la pédagogie fröbelienne, mais un moyen pour l'enfant d'accéder et d'alimenter l'étincelle divine qu'il porte en lui.
Pour Froebel le jeu est un pont entre le monde intérieur et la réalité extérieure : "Les jeux, ordinaires à l'écolier, révèlent la vie intérieure, l'activité de la vie, la puissance de la vie, et dénotent en même temps une vie réelle et extérieure." (p. 326). Le jeu est donc révélateur et formateur à la fois : "tous devront être dirigés de façon à répondre à l'esprit du jeu même, et aux besoins du jeune garçon." (p. 327) Cet esprit du jeu est donc joie de l'esprit puisque celle-ci lui donne accès à la meilleure part de lui-même. Sa valeur éducative n'est pas extérieure mais intimement liée chez l'enfant à la jouissance et aux déploiement des facultés dont Dieu a l'a doté en tant qu'être fait à son image. Suit enfin un rapprochement entre le conte et le jeu, dont Bruno Bettelheim a prouvé depuis la pertinence.
Un essai un peu maigre en ce qui concerne le jeu, dont la valeur est plus historique qu'intrinsèque, même s'il résout de manière stimulante l'équation entre jeu et éducation.
L'éducation de l'homme (1826) de Friedrich Fröbel, Ferdinand Claassen 1861, 396 pages, épuisé, disponible gratuitement en ligne sur Google Livres.
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