On a droit donc à des gueulantes, des envolées lyriques, pas mal d’égo aussi mais le tout dans un langage accessible.Quel beau titre qu’à ce livre ! Ecrit par l’un de mes professeurs, j’étais curieux de connaître son contenu. On y retrouve globalement la philosophie de son enseignement et le personnage.
Au chapitre des gueulantes, j’avoue avoir été passablement rebuté. En effet, regretter que les étudiants soient mal dégrossis, me paraît stérile, surtout pour un pédagogue. Je ne crois pas que considérer les étudiants comme des imbéciles leur serve d’électrochoc. J’aurais tendance à répondre qu’ils sont ce que d’autres professeurs ont fait d’eux, tout en étant le terreau de ce que pourra y implanter l’auteur. Du coup, on ne voit pas bien à qui peut s’adresser ce livre, et on a toujours l’impression qu’on se trouve entre gens du même monde, obligés d’être déjà convaincus de ce qu’affirme M. Xavier ou de se sentir parmi les réprouvés.
Pour ce qui est des envolées lyriques, l’auteur analyse finement le mouvement chez Fernando Pessoa. C’est assez intéressant, mais j’imaginais davantage la poétique du mouvement comme une analyse de ce qui fait la poésie d’une animation plus que ce qui fait que la poésie puisse être porteuses de mouvement. On lit un peu l’inverse en décalque, mais guère qu’en pointillés.
Reste l’ego. Il fait partie du personnage, très sympathique quand on le connaît, mais il est quand même assez pénible de lire la biographie de l’auteur par lui-même ou pire la citation d’un éloge dithyrambique de sa personne dans son propre livre. Le problème restant que quand on enlève les gueulantes, le lyrisme et l’égo, il ne reste plus grand-chose…
Le carnet de l’animateur qui termine l’ouvrage est plus intéressant, même si on y trouve certaines redites avec le texte précédent. Je pense que cette manière d’écrire, par petites touches, rend davantage justice à la philosophie de M. Xavier. J’aime par exemple y lire les thèmes chers à lui, comme l’animation faite d’illusion, puisque composée d’autant d’images que d’obturations ou encore le mouvement qui précède la forme. L’auteur y analyse même la création :
« Le désir de créer n’est pas un désir innocent. Il nait d’une vision qui se nourrit du degré de connaissances acquises ou supposée que l’on a des choses. Il surgit du fin fond de la pensée satisfaisant l’égo et confirmant ainsi l’instinct de domination par la nécessité naturelle d’imposer des modèles.
Par passion l’humain aime avoir raison. »
Entre gens d’égo et de passion, je ne peux que partager son point de vue, que je trouve finement analysé. A lire par curiosité.
La poétique du mouvement suivie du carnet de l’animateur de José-Manuel Xavier, CNBDI 2003, 175 pages, 14 €
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