Publié pour la première fois en français en 1891 (l'original allemand est de 1887), Les jeux des grecs et des romains est le premier livre scientifique consacré entièrement au jeu (si on excepte les jardins d'enfants de Froebel), devançant même Les jeux des animaux du psychologue Karl Groos. Bien sûr ici de rien révolutionnaire, l'auteur ne s'interroge même pas pour savoir ce qu'on doit appeler jeu : il commence par les jeux des enfants, puis enchaîne avec les jeux sportifs, la chasse, les jeux de dé, de société, les jeux olympiques, du cirque, les combats de gladiateurs pour terminer son ouvrage sur les fêtes romaines. Etrangement, compte tenu de la vision assez ouverte que se fait l'auteur des jeux, pas un mot sur le théâtre ni la musique.
L'intérêt du livre est, qu'en dépit des apparences, il ne s'agit pas d'un catalogue mais plutôt d'un tableau vivant des activités ludiques des anciens. Le propos est ainsi émaillé de références aux textes antiques, malheureusement le plus souvent sans référence précise autre que l'auteur, qui disent autant à quoi on jouait que comment. Certes l'ensemble est plus descriptif qu'analytique mais Richter a en permanence la volonté de relier les informations entre elles, et de comparer les Grecs avec les Romains. Ses sources sont textuelles mais aussi architecturales et artistiques, et plusieurs dessins clarifient les descriptions. La langue très accessible et sans pédanterie rend la lecture très agréable.
Ainsi l'intérêt du livre réside surtout dans ses anecdotes qui donnent l'état d'esprit des anciens face au jeu, jugement loin d'être méprisant : "Dans les banquets on jouait beaucoup aux dés. "Quel roi Vénus va-t-elle élire au moment de boire ?" Après avoir prononcé cette formule qui précédait le tirage au sort d'un président, on se mettait à table et les coupes circulaient ; Horace ne trouve rien de mieux pour dépeindre la tristesse des Enfers que de nous rappeler que dans le royaume des ombres on ne joue pas aux osselets pour nommer le gagnant symposiarque." Et on se dit que la société antique ressemble finalement beaucoup à la nôtre, dans ses excès comme dans ses plaisirs. Un livre plaisant et agréable à défaut d'être indispensable.
A noter la faute au prénom de l'auteur sur la couverture, de la part de Gallimard c'est inquiétant.
Les jeux des Grecs et des Romains de Wilhelm Richter, Gallimard 2000, 173 p., 15 €.
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