Titre d'une nouvelle de Pouchkine et d'un opéra de Tchaïkovski, tiré de la première, la dame de pique est une comtesse à laquelle le comte de Saint-Germain aurait livré une combinaison toujours gagnante aux cartes, à la seule condition de ne jouer que trois fois. Un officier de la garde veut s'emparer du secret de la comtesse mais sans respecter le marché passé avec elle... à ses dépends.
Traduit de manière lisse et aseptisée, l'histoire manque singulièrement de relief, même si les motifs développés sont intéressants. En effet, Hermann, l'officier malchanceux est un héros de conte, du moins en apparence, car volontaire il ne sait pourtant pas reconnaître le sceau du destin. Alors qu'il a la possibilité de devenir riche et heureux à force de détermination, il perd l'un pour avoir négligé l'autre. Bien qu'il se soit refusé au jeu toute sa vie, par peur d'y succomber autant que par ascèse, il est pourtant perdu par lui. Comme si ce personnage rationnel, et calculateur refusant l'illusion du jeu, le rêve et l'émotion, se retrouvait confronté pour la première fois à l'univers à la fois fantastique, factice et envoûtant du jeu, et en tant que soldat, s'y découvrait désarmé.
La noble comtesse, belle et mystérieuse, symbole du temps passé, est donc la vraie héroïne du livre, qui répare l'injustice causée par ce soldat arriviste et moderne, qui croit assez aux contes de fées pour en tirer parti mais pas pour les respecter. C'est le triomphe de la fiction, de la futilité et de la magie sur la réalité. Une jolie parabole du jeu en somme.
La dame de pique et Les récits de feu Ivan Petrovitch Belkine de Pouchkine, Le livre de poche 1999, p. 30-66, 3 €
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