vendredi 19 septembre 2008

Eloge de la pièce manquante


Sous ce beau titre se cache un roman original sur le puzzle. Et ce, moins par le thème, que par l'aspect parodique qui d'emblée détonne. Ma première déception passée, puisque toutes les informations ou presque concernant le puzzle sont fausses, exagérées, ou caricaturales, je suis peu à peu tombé sous le charme de se livre qui ne se prend pas au sérieux. En effet, est-ce que pour rendre hommage au jeu, jouer avec la réalité n'est pas la meilleure manière d'y parvenir ?

Composé comme un puzzle de 48 pièces (dont bien sûr la dernière est manquante... ou pas tout à fait), on suit à travers, en désordre, les minutes de la Fédération américaine de puzzle et de sa concurrente la Société de "puzzlologie", ainsi que des lettres, des extraits de traités sur le puzzle, une publicité ou encore des transcriptions de retransmissions radiophoniques, le récit abracadabrant de compétitions de puzzle de vitesse, commentées comme un match de foot, réussissant la performance impensable de réunir plus de spectateurs qu'une finale du Superbowl. Bien entendu, des meurtres spectaculaires émaillent ces rencontres, le roman se présentant comme une intrigue policière en quête de la pièce manquante.

Certes le puzzle n'est pas vraiment un jeu, mais ce roman n'est pas un véritable roman policier non plus. On s'intéresse surtout aux réflexions étonnantes sur le concept de puzzle infini, de puzzle le plus difficile du monde, l'attrait du puzzle sur l'être humain, l'existence absurde d'une configuration d'équilibre du puzzle, voire à la façon toute particulière qu'ont les Bantamolés de jouer au puzzle. Il est donc un peu dommage que l'auteur se soit senti obligé de donner une conclusion un peu forcée à un ouvrage qui n'en exigeait nullement, l'éloge perdant un peu son sens quand la pièce manquante ne l'est plus. D'autant que comme le style est parodique, on est loin de s'intéresser à l'identité de l'éventuel meurtrier qui n'est que l'un des sujets du livre.

Un roman plein de (bonnes) idées farfelues et d'inventions originales qui souffrent d'une volonté académique et pour le moins vaine de l'auteur de rattacher coûte que coûte son roman au genre policier, avec l'explication lourdaude et obligatoire en fin d'ouvrage.

Eloge de la pièce manquante d'Antoine Bello, Gallimard 1998, 325 p., 7 €

1 commentaire:

Don Diego a dit…

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