J'ai toujours été dubitatif sur ce que pouvait apporter le jeu vidéo au cinéma, l'inverse me paraissant plus probant avec les jeux en QTE comme Resident Evil ou Uncharted. Avec la 3D, Cameron réussit à convaincre qu'il ne s'agit pas que d'un gadget, ou d'un énième effet spécial, mais bien d'une révolution majeure. En effet, le but de tout art est de s'emparer du spectateur pour l'immerger dans son univers. Or c'est bien là l'aspect le plus original et la force du film.
En spécialiste des effets spéciaux, le réalisateur a pensé chaque scène pour impliquer le spectateur, lui faire partager tout ce qui se passe à l'écran. On est assis dans la salle de briefing qui complète astucieusement les sièges du cinéma, on descend de la navette au milieu des GI, on découvre en même temps que le héros notre nouvel avatar, et son émerveillement devant la beauté de Pandora est le nôtre. Or quel autre thème choisir que la science-fiction pour rendre justice à cette innovation technologique, que la découverte d'une nouvelle planète pour explorer cette esthétique nouvelle, que la rencontre de ses habitants pour susciter notre empathie envers la magie virtuelle du cinéma ?
Et c'est là sans doute ma principale réserve sur la critique qu'a attirée ce film. Dire que le scénario est faible n'a pas de sens : il n'existe que pour servir l'incroyable imagerie 3D. Chaque scène du film est pensée en ce sens, afin de faire du spectateur le héros du film. L'alternance entre les scènes d'immersion envoûtantes et les scènes de réalité crue rappellera à tout joueur le ce moment où l'on sort du jeu pour sauvegarder, se restaurer, obéir à une contrainte de la vie quotidienne. Le spectateur finit par si bien se laisser prendre au jeu du réalisateur qu'il désire inexorablement, exactement comme le héros du film, ne faire plus qu'un avec son avatar, plus qu'un avec la fiction. Ainsi les humains, maîtres de la technologie, se déshumanisent peu à peu, cependant que les êtres d'image de synthèse nous semblent plus sensibles.
Un pur enchantement doublé d'un tour de force, puisque la fiction l'emporte pour la première fois sur la réalité, comme dans un rêve éveillé... ou le temps d'un jeu. Un hymne à la magie du septième art et à l'imagination, superbement orchestré.
Avatar de James Cameron, Twentieth Century Fox 2009, 2h41 mn.
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