On pouvait attendre beaucoup de l'univers onirique de Lewis Caroll adapté par Tim Burton, qui de plus est en 3D comme les livres cartonnés en relief pour les enfants, où les décors jaillissent du livre quand on tourne les pages. Hélas, si c'est graphiquement superbe et scénaristiquement honnête, contrairement à ceux qui prétendent que l'histoire ne suit pas le livre, il y manque la dimension enfantine qui est peut-être le seul attrait (et leçon ?) du livre, en plus d'une véritable 3D. En effet, la 3D est ici gadget et n'ajoute pratiquement rien.
Quant à l'univers présenté par Burton, il est à la fois plus sombre (tant mieux) mais aussi beaucoup plus sérieux et réaliste. Certes le scénario est compréhensible, ce qui n'est pas le cas du livre, et on y retrouve les principaux personnages de l"original, mais le ton y est en revanche à la fois très américain (réalisme outrancier, affrontements militaires, parabole manichéenne, morale capitaliste), et bien trop logique : Alice doit essayer de se vaincre elle-même pour à la fois retrouver sa candeur d'enfant et passer à l'âge adulte, les cartes à jouer ont laissé place à de vrais guerriers, les têtes sont vraiment décapitées, certaines créatures énigmatiques à des monstres. La simple illustration du Jabberwocky par John Tenniel devient l'affrontement ultime du film...
On s'attendait à voir un livre d'images animées, plein de fantaisie et de nonsense, on se retrouve devant une batterie d'effets spéciaux et une débauche de scènes d'actions avec la tension dramatique d'un blockbuster. La poésie des décors et des costumes détonne dans un film qui en manque cruellement. Trop nerveux pour un univers contemplatif, trop réglé pour des situations absurdes, trop plat pour un film en relief, trop réaliste pour une histoire symbolique, cet objet visuel non identifié nous laisse plus admiratif que conquis. Dommage.
Alice au pays des merveilles de Tim Burton, Disney 2010, 1h49 mn.
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