Exposition novatrice consacrée
aux jeux vidéo, de décembre à janvier, dans le cadre somptueux du Grand palais,
la culture pop s’invite sous les ors de la République. Après les installations
digitales de la gaieté lyrique en novembre 2011, qui fut la première structure
à consacrer l’art digital, le Grand palais
fait entrer le jeu vidéo commercial au musée.
Premier contact : la queue.
L’attente s’allonge à n’en plus finir puisqu’il faut que les visiteurs
précédents sortent pour permettre aux suivants d’entrer. En effet l’exposition
n’est pas vaste et ressemble plus à une salle d’arcade qu’à un musée, et en
tant que telle, toutes les machines présentées sont squattées par des joueurs
compulsifs. Le classement, chronologique, s’étend de Pong à Kinect. A
l’exception du panneau de présentation, on cherchera en vain une explication
des choix qui ont présidé à élire un jeu plutôt qu’un autre, et aucun effort
n’a été fait pour replacer le jeu dans le contexte de l’époque qui lui a donné
vie.
Si les jeux retenus sont plutôt louables :
Pong, Space Invader, Arkanoid, Turrican II, Monkey Island Vroom, Street Fighter
II, Alone in the Dark, Resident Evil 4, Dance dance Revolution, World of
Warcraft… On s’étonne en revanche de curiosités comme les Schtroumpfs. L’ensemble,
sans aucune explication, ressemble plus au paradis du geek qu’à un musée. Une
fois n’est pas coutume pour un musée, l’ intérêt premier est de pouvoir jouer à
tous les jeux présentés… et c’est tout. On ressort donc de cette exposition
avec la désagréable impression que l’occasion immanquable de consacrer enfin le
jeu vidéo comme objet culturel a été ratée, et que les geeks aiment rester
entre eux.
Si l’on ne connaît rien au jeu,
on n’en sortira pas plus savant. Si l’on connaît déjà les jeux présentés,
puisqu’il s’agit pour 80% de grands classiques, on n’apprendra rien, sinon que
la nostalgie et les contrôleurs d’origine ont une bonne part dans le plaisir de jouer. Pourtant il y
avait matière à souligner le réglage vicieux d’un Pong, la musique dynamique de
Chris Ülsbeck dans Turrican 2 et les sauts impossibles du personnage, les subtiles
accélérations de la version turbo de Street fighter II ou encore la naissance
involontaire d’un genre avec Resident Evil 4. Le niveau 0 de la
muséographie : rien n’est mis en
avant, et le joueur joue ignorant, comme il le ferait chez lui. Une belle occasion
ratée de prouver enfin la valeur culturelle du jeu vidéo.
Game Story : une histoire du jeu vidéo, Paris, Grand Palais, exposition du 10 novembre 2011 au 9 janvier 2012, plein tarif 8 €.
Game Story : une histoire du jeu vidéo, Paris, Grand Palais, exposition du 10 novembre 2011 au 9 janvier 2012, plein tarif 8 €.
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