Sous-titré "essai d'ethnotechnologie", cet ouvrage commandé par le Ministère de l'industrie en 1979 analyse en quoi le jouet, ici rapproché du jeu en ce qu'il est l'expression tangible et industrielle des jeux potentiels qu'il porte en lui, dicte l'usage, est désiré, est manipulé ou manipule. La première partie, consacrée aux fonctions du jeu, est sans doute la plus intéressante, avec par exemple une observation qualitative tout en finesse de Roger Renaud, qui montre combien l'enfant peut réinventer ses jouets ou même investir par le jeu des objets de la vie courante. L'observation des ludothèques par Pierre-Noël Deneuil est quant à elle humoristique et pertinente, et dans la dernière partie, l'analyse de la rationalisation du jouet par Gilles Brougère est intéressante, même si elle n'évite pas les préjugés.
Mais comme dans tout recueil d'articles, il y a à boire et à manger, et certaines études, comme celles de Juliette Grange et de françois Portet, sont réellement faibles. La faute sans doute à une méthodologie que l'introduction du recueil avoue rechercher et à une direction d'ouvrage inexistante. Ainsi on peut avoir une simple transcription d'entretiens ou l'observation de récréations dans une cour d'école sans aucune distanciation, où encore une analyse d'une inquiétante naïveté de la signification de jeux de société, à partir du marketing de l'éditeur, sans effort de compréhension des mécaniques internes. S'ajoute à cela l'absence de toute bibliographie et, semble-t-il, de supervision puisque Robert Jaulin n'a pas rédigé l'introduction, oublie des auteurs et orthographie mal plusieurs noms, y compris dans la table des matière. Quant à la conclusion de l'ouvrage elle est si courte qu'elle est reproduite en quatrième de couverture, alors même que la longueur de certaines contributions, près de 60 pages pour les plus longues, semble n'obéir à aucun cadre.
Des communications hétéroclites et hétérogènes donc, mais qui, pour certaines, grâce à cette volonté de poser les bases de l'ethnotechnologie, proposent une démarche originale et pleine de fraîcheur, qui privilégie l'usage sur la fonction. Un ouvrage certes bien long, inabouti, mais pas inintéressant.
Jeux et jouets sous la direction de Robert Jaulin, Aubier 1992, 339 pages, 13 €.
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